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L’éolien défigure la France et fait augmenter le prix de l’électricité

Par Bernard Durand, ancien Directeur de la Division Géologie-Géochimie de l’Institut français du pétrole et des énergies nouvelles, Membre du collectif Science-Technologie-Action (STA)*

Partout en France des éoliennes géantes polluent déjà nos paysages ruraux et notre patrimoine historique. Bientôt elles pollueront aussi notre littoral et nos îles côtières.

Dans dix ans, au rythme effréné de construction imposé par notre gouvernement, combien restera-t-il encore de Français hors des grandes villes qui auront la chance de ne pas vivre jour et nuit dans une cage d’éoliennes géantes ? Il s’agit là d’un saccage environnemental et humain. Il faudra démanteler et remplacer ces éoliennes tous les 20 ans environ, ce qui n’a fait l’objet d’aucune étude sérieuse ni des coûts (au vu des premières factures cela serait comparable par kWh produit au démantèlement d’un réacteur nucléaire), ni des effets sur l’environnement.

La puissance délivrée par une centrale éolienne dépend du vent, pas de la volonté humaine. Elle est dite pour cela fatale ou non-pilotable (tout comme une centrale solaire photovoltaïque, qui dépend de l’ensoleillement). A contrario, les centrales classiques, surtout nucléaires ou hydrauliques de lac en France, surtout à combustibles fossiles (charbon, gaz) en Allemagne, sont des centrales pilotables.

Cette puissance est dite aussi intermittente, car elle fluctue énormément avec la vitesse du vent. Il y a des périodes de plusieurs jours où elle est insignifiante, mais aussi des périodes où le vent est si fort que les éoliennes doivent être mises en drapeau. Ces périodes ayant lieu à peu près en même temps en France, la puissance délivrée par l’ensemble des éoliennes françaises fluctue donc énormément au cours du temps (1). Il en est de même à l’échelle de l’Europe de l’Ouest (2).

Il est donc nécessaire, pour faire face à tout moment à la demande d’électricité, d’associer aux centrales éoliennes des centrales pilotables fonctionnant en contrepoint de leur production. On pourrait en théorie leur associer des stockages d’électricité, mais aucun procédé n’est en vue pour de telles quantités.

Développer l’éolien et le solaire, c’est donc ajouter à un réseau de centrales pilotables un réseau de centrales non pilotables. Or cela rend l’électricité très chère, puisque :

• Le coût d’investissement en centrales électriques augmente : Il faudrait ajouter à notre puissance actuelle de centrales pilotables une puissance encore supérieure d’éolien et de solaire pour produire avec ceux-ci seulement 30 % de notre consommation.

• Pour une même quantité d’électricité totale produite, éolien et solaire font diminuer la production des centrales pilotables : Celles-ci conservant les mêmes charges fixes (salaires, coûts de maintenance…), leurs coûts au kWh augmentent.

• Pour faire fonctionner en harmonie les deux réseaux de centrales, il faut développer et renforcer le réseau électrique.

Et si stockage il y a un jour, de manière à pouvoir se passer de centrales pilotables, son coût très élevé s’ajoutera au coût de production.

Aussi faibles que deviennent leurs prix à la production, éolien et solaire photovoltaïque ne pourront donc jamais contribuer beaucoup à notre production d’électricité sans des dépenses bien plus importantes qu’en leur absence.

En Europe de l’Ouest, le prix de l’électricité pour les ménages est proportionnel à la capacité installée par habitant d’éolien et de solaire photovoltaïque (3). En Allemagne le coût en a été évalué à 525 milliards d’euros entre 2000 et 2025, et pourrait atteindre sur sa lancée 1000 milliards d’Euros en dépenses cumulées (4) soit en moyenne environ 25 milliards d’euros par an.

Nos dépenses sont déjà d’environ 20 milliards d’euros par an (5), moitié en subventions directes et indirectes, alimentées entre autres par des taxes sur les carburants chères aux gilets jaunes (cela au nom de l’urgence climatique, ce qui est d’une grande absurdité car l’éolien et le solaire photovoltaïque ne peuvent rien en France pour le climat (5,6)), et moitié en augmentation du prix de l’électricité.

20 milliards d’euros, sans doute bien plus dans les années à venir, cela représente déjà 300 euros par Français et par an, soit pour un ménage moyen une dépense de 1200 euros. Mais les ruraux et habitants des banlieues très dépendants de leur voiture, qui forment les gros bataillons des gilets jaunes, sont bien plus impactés. Et aussi les petits retraités, qui consacrent ainsi à l’énergie une part intolérable de leurs ressources. Cela détruit globalement des emplois, parce qu’une grande partie de ces sommes, consacrée à l’achat d’éoliennes et de panneaux solaires à l’étranger, n’est pas dépensée en France. Les gilets jaunes ne sont pas près d’être mis au placard !

L’électricité ne manque pas en France : Pourquoi alors produire de l’électricité avec de l’éolien et du solaire, qui ne peuvent rien, ni pour l’urgence climatique ni pour la diminution de notre parc nucléaire (5,6), et font augmenter le prix de l’électricité ? L’éolien détruit l’environnement rural, dégrade la santé des riverains et dévalue leurs biens immobiliers. Il est antisocial parce qu’il accroît la précarité énergétique en France et détruit globalement l’emploi !

Elus de toutes tendances, souhaitez-vous rester dans l’Histoire comme ceux qui auront laissé défigurer la France avec des éoliennes géantes ? Cela au seul profit des promoteurs de ces engins, sans bénéfice pour le climat, mais au détriment de l’environnement et aussi des consommateurs, y compris les plus pauvres.

Si le climat vous préoccupe vraiment, exigez que l’argent du développement de l’éolien et du solaire photovoltaïque soit immédiatement utilisé pour la réduction des émissions de CO2 de l’habitat et des transports, considérablement plus émetteurs que notre électricité. 


* Ancien directeur de l’Ecole nationale supérieure de Géologie, ancien président du Comité Scientifique de l’European Association of Geoscientists and Engineers. Bernard Durand est également membre du collectif Science-Technologie-Action (STA).Le Collectif STA composé de chercheurs, ingénieurs, médecins, enseignants et autres citoyens consternés par la marginalisation de la Science et les attaques incessantes contre les technologies innovantes, a pour but de faire entendre la voix de la raison, de l’approche scientifique et du progrès, notamment auprès des décideurs et des médias.


1 voir le site du gestionnaire du réseau de transport de l’électricité (RTE) : https://www.rte-france.com/fr/eco2 mix/eco2 mix


2 voir https://www.sauvonsleclimat.org/fr/presentation/etudes-scientifiques/1963-intermittence-et-foisonnement


3 voir http://www.sauvonsleclimat.org/images/articles/pdf_files/etudes/Electricites %20intermittentes.pdf, figure 6


4 voir https://stopthesethings.com/2016/11/03/germanys-etrillion-euro-disaster-wind-power-transition-destroys-its-industrial-heartland/


5 voir https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/eoliennes-geantes-va-t-on-defigurer-la-france-pour-rien-804795.html


6 voir https://www.europeanscientist.com/fr/opinion/leolien-en-europe-cest-de-la-folie-leolien-en-mer-cest-de-la-folie-furieuse/