On s’en doutait déjà mais le réchauffement climatique a aussi des répercussions sur les vignobles et donc forcément sur le vin qui en découle. Une nouvelle étude internationale parue dans Proceeding of the National Academy of Sciences le confirme : avec un réchauffement de 2°, 56 % des régions viticoles du monde pourraient disparaître, et 85 % avec un réchauffement de 4°. Cependant, des solutions existent, celles préconisées par les chercheurs de l’étude consiste à l’introduction de plus de diversités de cépages de vigne dans les vignobles qui aujourd’hui se concentrent sur un nombre réduit de variétés de vigne. L’adoption de cette solution pourrait permettre de « réduire de moitié les pertes potentielles dans les régions viticoles dans le scénario à +2° et d’un tiers dans le scénario à +4° » assurent les chercheurs. « La diversité au sein des espèces cultivées pourrait être une clé pour rendre l’agriculture plus résiliente face au changement climatique poursuivent-ils. La vigne est toute indiquée pour tester cette hypothèse car il existe plus de 1100 variétés actuellement cultivées et documentées ». « De plus, la production viticole est très sensible aux changements de température et de saison, ce qui en fait un bon indicateur de l’impact du changement climatique sur l’agriculture » précise l’INRAE.
Pour arriver à ces conclusions, l’étude a exploré l’impact climatique sur 11 variétés de cépage - Cabernet-Sauvignon, Chasselas, Chardonnay, Grenache, Merlot, Mourvèdre, Pinot noir, Riesling, Sauvignon blanc, Syrah et Ugni blanc* -, à différents stades de leur développement (débourrage des bourgeons, floraison, murissement des grains).
Cet examen précis a permis d’identifier les cépages plus résistants ou adaptables à de nouvelles conditions climatiques comme la Syrah, le Grenache et le Mourvèdre, des variétés tardives qui pourraient « beaucoup plus se développer dans les régions viticoles actuelles », tandis que les variétés précoces telles que le Chasselas, le Pinot noir et le Chardonnay « pourraient se répandre dans de nouvelles régions plus septentrionales qui développeraient leurs propres vignobles ».
L’étude a aussi permis de quantifier l’évolution des surfaces viticoles pour plusieurs pays. Les pays méditerranéens comme l’Italie ou l’Espagne montrent de nombreuses pertes (environ - 65 %), avec très peu de gains (moins de 10 %), tandis que les régions correspondant aux latitudes plus élevées comme la Nouvelle-Zélande ou le nord des Etats-Unis montrent principalement des gains (+20-100 % et +15-60 % respectivement). Enfin, ajoute l’étude « des pays en zones plus tempérées, comme la France et l’Allemagne, enregistrent autant de pertes que de gains (environ 20 %) ». En France, « les pertes de terres viticoles (22 %) s’équilibreront avec les gains (25 %) » souligne encore l’étude.
Pour ce qui est des autres régions viticoles, il importe d’étudier également les variétés minoritaires dites « autochtones » qui sont pour la plupart inconnues du grand public mais qui pourraient « être performantes sous le climat futur ». Mais complètent les chercheurs, il faudra « sensibiliser les consommateurs à essayer de nouveaux cépages afin que les producteurs puissent diversifier leurs productions et augmenter leur capacité d’adaptation ».
« L’avenir des régions viticoles dépend essentiellement de décisions humaines. A l’échelle locale, l’adaptation des pratiques viticoles et le choix de variétés de vigne adaptées permettront de prévenir, au moins partiellement, la disparition de certains vignobles. Mais à l’échelle mondiale, l’avenir des régions viticoles dépend des décisions politiques et sociétales qui seront prises dans les prochaines années et des émissions de gaz à effet de serre et, par suite, du réchauffement global qui en résultera » conclut l’INRAE. ■
* « Ces variétés représentent 35 % de la superficie plantée dans le monde, et atteignent 64 à 87 % dans de nombreux pays viticoles importants comme l’Australie, le Chili, la France, la Nouvelle-Zélande, la Suisse et les États-Unis » rappelle l’étude.