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L’Arlésienne de la réforme des institutions

Dans un entretien accordé au Parisien le 23 avril dernier, le chef de l’Etat a brièvement esquissé des pistes de réforme des institutions.

A la question « spontanée » de Ouarda, fidèle lectrice du Parisien, s’interrogeant sur la réforme des institutions, le président de la République a répondu en quelques phrases rapides expliquant avoir « ouvert un dialogue informel avec les deux présidents de chambre pour qu’ils lancent des groupes transpartisans. Je soumets plusieurs questions à la réflexion ». « D’abord, la question de la souveraineté populaire : faut-il ouvrir ou pas le champ du référendum, du référendum d’initiative partagée (RIP), faut-il plus de proportionnelle à l’Assemblée, faut-il aller vers un règlement des assemblées qui évite le blocage sans aller à la situation qu’on a connue ? » a questionné Emmanuel Macron à haute voix songeant aux dernières semaines agitées que sa majorité relative a vécues à l’Assemblée lors de la réforme des retraites notamment. Le président a aussi cité « la réforme de notre autorité judiciaire » et « celle d’une vraie décentralisation » avant de glisser qu’il allait « transmettre une proposition aux présidents de chambre pour voir ce sur quoi il y aurait un chemin ». Mais le chemin risque d’être long et tortueux. La veille de son entretien, Gérard Larcher, le président du Sénat avait déjà quasiment fermé la porte à toute idée de réforme des institutions : « Si on interroge les Français sur leurs préoccupations, je doute qu’ils répondent : ’Réforme de la Cour de justice de la République, réforme du Conseil supérieur de la magistrature ou proportionnelle à l’Assemblée nationale’ » soufflait-il à nos confrères du Parisien. Sur les ondes de France Inter le 17 avril, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet, s’était montrée, elle aussi, assez réservée. « Il faut faire très attention avec nos institutions et ne pas forcément les modifier de façon brutale ou massive » commentait-elle s’inquiétant du calendrier et alors que le pays est « soumis à de fortes tensions » des oppositions. « Quand on met en cause le Parlement, quand on remet en cause le chef de l’Etat, quand on remet en cause la légitimité du Conseil constitutionnel, c’est très grave et cela ne me paraît pas un climat propice à une révision profonde de nos institutions » assénait-elle finalement. Et si cette réforme allait jusqu’au vote, « je doute que le président de la République ait les moyens d’obtenir les trois cinquièmes des voix au Congrès » [nécessaires pour réformer la Constitution, Ndlr] soufflait précautionneusement Gérard Larcher. Resterait alors la possibilité de passer par une « loi ordinaire et organique » mais ce qui interdirait de modifier notre Loi fondamentale et de faire une réforme en profondeur. 

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