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La lourde facture des violences urbaines

Après six nuits d’émeutes et de pillages, l’heure est au bilan financier. Selon une première estimation, qui ne peut être que provisoire, le Medef a chiffré le coût des dégâts à un milliard d’euros.

La mort de Nahel, élément déclencheur d’une violence organisée n’a été qu’un faux prétexte pour casser et piller. Six nuits d’émeutes ont fait des dégâts impressionnants. Commerces, bâtiments publics, transports en commun, véhicules privés… rien n’a échappé à la violence imbécile des casseurs. La facture va être lourde pour la collectivité et les « milliers de commerçants sinistrés ».

Geoffroy Roux de Bézieux, le président du Medef dans un entretien au Parisien a parlé de centaines de commerces « entièrement pillés », 300 agences bancaires « détruites » et plus de 400 bureaux de tabac touchés. « Il est trop tôt pour donner un chiffre précis mais on est à plus d’un milliard d’euros, sans compter les dégâts au niveau du tourisme. Les vidéos des émeutes, qui ont circulé dans le monde, dégradent l’image de la France » a déploré le patron du Medef. Philippe Coy, Président national de la Confédération des buralistes, très en colère dénonce pour sa part « des dégradations gratuites envers le commerce de proximité. Ces actes de vandalisme sont orchestrés dans l’unique but de voler une marchandise, qui a une valeur conséquente, et n’ont plus de lien avec le décès tragique d’un adolescent le 26 juin. Par ces gestes scandaleux et condamnables, le commerce de proximité est une nouvelle fois pris en otage ». Et la note va encore s’alourdir car au-delà de la facture directe il faut aussi prendre en compte les coûts indirects de la perte de revenus liée à l’interruption des activités commerciales. Si un commerce sur deux est assuré contre les pertes d’exploitation précise France Assureurs - Bruno Le Maire affirme pour sa part que « 90 % à 95 % des commerçants sont couverts par des assurances sinistres et dégâts » -, les perspectives sont plus sombres pour le secteur de l’hôtellerie-restauration qui doit faire face à des annulations en cascade. Selon Jean-François Rial, patron de l’Office de tourisme de Paris, « 20 % à 25 % » des touristes étrangers auraient annulé leur séjour dans la capitale prévu début juillet.

Il ne faut pas non plus oublier la destruction de biens publics. Les transports en commun ont été particulièrement visés avec le feu mis à des bus, à des tramway sans compter les voies endommagées à reprendre. Il va aussi falloir reconstruire des écoles, des bibliothèques, des commissariats, des centres des impôts… et pendant qu’on y est ajoutons également le mobilier urbain détruit.

En 2005, les émeutes qui avaient suivi la mort de deux jeunes gens avaient coûté plus de 200 millions d’euros de dégâts ; près de 10 000 sinistres avaient été identifiés et déclarés (la crise des gilets jaunes avait également coûté 200 millions d’euros). En 2023, la note s’annonce donc bien plus salée avec un coût cinq fois supérieur à celui de 2005. Cela peut s’expliquer par la nature des dégradations. En 2003, ce sont essentiellement des voitures qui avaient été incendiées et le pays avait connu moins de pillages à la différence de ce qui s’est passé ces derniers jours. « Tout a été volé, même des caisses enregistreuses, avant de mettre le feu pour détruire » rappelle Geoffroy Roux de Bézieux dont s’était la dernière interview comme président du Medef. Pour les commerçants touchés, il a alors réclamé des solutions ciblées et ponctuelles.

Si les assurances vont devoir mettre la main à la poche, elles ne seront pas les seules : collectivités et Etat participeront à la reconstruction. Valérie Pécresse, la présidente de la Région Île-de-France a d’ores et déjà promis un « budget exceptionnel » de 20 millions d’euros. Ailleurs, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur a lancé un fonds de soutien avec la métropole Aix-Marseille-Provence qui prévoit le versement « sous quinze jours » de 10 000 euros aux commerçants. La ville de Marseille va débloquer une enveloppe de deux millions d’euros pour aider les associations de commerçants et changer les vitrines brisées. Et Montargis entend pour sa part demander « des indemnités » aux finances publiques. En 2003, Clichy-sous-Bois avait fait la même demande, en vain. 

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