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Silence, on ne s’entend plus

La présidente de l’Assemblée nationale a fait installer des capteurs de bruit pour mesurer les nuisances sonores dans l’hémicycle.

“Ta gueule, toi là-haut !” Qui se souvient de l’insulte proférée par Mathias Tavel, député LFI de Loire-Atlantique, à son collègue Emmanuel Taché de la Pagerie (RN), le 16 mars 2023 ? Symbole d’une « bordélisation » généralisée du déroulé des séances publiques ces derniers mois, le « ta gueule » pourrait bien devenir une obligation au regard du brouhaha généré par les bavardages, discussions et autres cris d’oiseaux que l’on peut aujourd’hui entendre en séance et qui sont devenus au fil du temps un vrai problème de santé publique pour les élus et les fonctionnaires de l’assemblée nationale. Il n’est d’ailleurs pas rare, se murmure-t-il, que certains députés utilisent des boules Quies pour diminuer l’intensité sonore lors de séances enfiévrées tandis que d’autres comme le député LFI René Pilato se « débranche » : « Je suis appareillé des deux oreilles. L’avantage, c’est que je peux couper le son » a-t-il raconté, amusé, à nos confrères du Figaro.

Mais tout ce bruit ne fait plus rire. En février 2023 déjà, Robin Reda (RE) avait alerté la présidente de l’assemblée par courrier. « L’hémicycle de l’Assemblée nationale connaît régulièrement des niveaux sonores très incompatibles avec la bonne santé auditive » lui écrivait-il. « La présence accrue des députés durant les débats de cette législature (...) et la virulence des échanges conduisent régulièrement au dépassement du seuil de tolérance auditif » déplorait-il ensuite. Il demandait alors l’installation de sonomètres. C’est aujourd’hui chose faite. « Les capteurs de bruit sont arrivés ! » s’est réjoui sur X (ex-Twitter) le député de l’Essonne. Les sonomètres devraient rester jusqu’à la fin de la session parlementaire, le 12 juillet. La décision prise par la présidente de l’assemblée a été annoncée en conférence des présidents il y a quelques semaines. L’objectif est de « faire prendre conscience aux parlementaires que leur comportement a un impact sur le bien-être au travail » explique-t-on dans l’entourage de la présidente qui s’est empressée de préciser qu’il ne s’agissait évidemment pas d’une mise sur écoute. 

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