L’un des principaux axes de la campagne de Donald Trump était le problème de la baisse du pouvoir d’achat aux Etats-Unis en raison de la forte hausse de l’inflation, notamment dans le secteur du logement. Selon son principe de d’abord « servir les Etats-Unis », le Président élu devrait augmenter les droits de douane de plusieurs produits importés d’Europe et de Chine. La hausse des droits devrait permettre le redressement économique du pays, de protéger les industries américaines et de réduire le déficit commercial américain. L’objectif est également de réduire le déficit public et la dette afin d’être moins dépendant de l’extérieur et notamment des créanciers chinois. Ainsi, le Président républicain a annoncé un droit de douane universel sur toutes les importations américaines de 10 %. De plus, l’ensemble des importations chinoises se verraient taxer à hauteur 60 %, voire 100 % dans certains secteurs stratégiques, comme l’automobile.
Donald Trump avait déjà eu recours à la hausse des droits de douane notamment sur l’automobile lors de son premier mandat mettant en difficulté l’industrie européenne et allemande. Cette politique protectionniste a été payé par le consommateur américain, impactant négativement son pouvoir d’achat à hauteur de 10 à 15 % selon les produits. C’est ainsi dans ce contexte inflationniste que le Président américain souhaite davantage accroître les droits de douane. Face à cette politique protectionniste, la Chine pourrait répondre à travers la taxation des importations américaines. Une étude du Cepii estime qu’à partir de 2025, la politique commerciale de Donald Trump entrainerait une contraction du commerce international de 3,3 %, comparable à ce que l’on a vécu durant la crise sanitaire.
Les échanges entre la Chine et les États-Unis s’effondreraient complètement : 80,5 % de baisse des exportations chinoises vers les Etats-Unis et 58 % de baisse des exportations américaines vers la Chine. La Chine, en situation de surproduction, pourrait réorienter ses exportations vers d’autres régions géographiques notamment vers l’Europe et le Japon. Cette situation impactera très négativement la croissance européenne, remettant en cause les fondements du commerce international. « La régionalisation de la mondialisation » n’en est qu’à ses prémices.
Les États-Unis et la Chine : les grands perdants
Les États-Unis et la Chine sont clairement ceux qui perdent le plus dans cette guerre commerciale. La rupture nette dans leurs échanges désorganise toute la production, et fait monter les prix dans de nombreux secteurs. Au total, si la Chine répond aux mesures de Trump, le CEPII estime une baisse d’environ 1,5 point de PIB d’ici 2030 pour les deux puissances économiques. Un dilemme du prisonnier semble émerger : si la Chine n’est pas assez agressive, alors elle pâtirait plus de la situation que son rival, et vice versa.
Guerre commerciale : un impact très hétérogène selon les pays
L’impact sur les autres pays est très variable. Le grand gagnant se trouve être le Mexique, qui verrait sa croissance enfler de plus de 6 points de PIB d’ici 2030. En effet, les échanges avec le Mexique feraient office de substitut aux échanges avec la Chine. Il est également probable que le Mexique deviendrait une plateforme de transit et de production de dernier maillon : la Chine exporte des biens intermédiaires vers le Mexique, qui les assemble, puis les renvoie aux États-Unis. Le Canada pourrait se trouver dans une situation similaire.
La France se trouve quant à elle peu affectée par cette guerre commerciale, avec une baisse du PIB d’environ 0,1 point de PIB. La seule conséquence importante est la baisse de ses exportations vers la Chine, qui recentrerait une partie de sa production vers sa demande intérieure. L’afflux des importations chinoises aurait des effets ambigus : il pourrait détruire une partie de la capacité productive française, mais ferait baisser clairement les prix. L’Allemagne, l’Inde ou le Japon rencontreraient une situation équivalente.
Finalement, reste à savoir ce que fera l’Union Européenne dans ce conflit : maintiendra-t-elle le libre échange en espérant tirer les bénéfices d’être l’un des seuls débouchés pour les producteurs, où basculera-t-elle, elle aussi, dans un régime protectionniste pour préserver son industrie ? ■