Print this page

Saint-Denis et Pierrefitte-sur-Seine, un mariage de raison et d’argent ?

Les communes de Saint-Denis et de Pierrefitte-sur-Seine ont fusionné ce 1er janvier. La commune nouvelle devient la deuxième ville la plus peuplée d’Île-de-France.

En 2023, les villes de Saint-Denis et Pierrefitte-sur-Seine annonçaient leur volonté de créer une commune nouvelle en fusionnant. C’est chose faite depuis le 1er janvier. La nouvelle commune porte depuis ce jour le nom de Saint-Denis. Avec près de 150 000 habitants, Saint-Denis est devenue la deuxième ville la plus peuplée d’Île-de-France, après Paris.

Mais cette décision des maires Mathieu Hanotin (Saint-Denis) et Michel Fourcade (Pierrefitte-sur-Seine) a quelque peu surpris sur place, ce projet de fusion ne faisant alors partie d’aucun des programmes des deux candidats à leur mairie respective en 2020. Il leur est aussi reproché de ne pas en avoir vraiment informé les habitants. Face à ces critiques, les deux édiles font, d’une part remarquer qu’en cas de création d’une commune nouvelle, la loi ne prévoit pas de consultation obligatoire des électeurs et, d’autre part que des rencontres avec la population et les agents ont été organisées durant le premier semestre 2024. « Par ailleurs, des ambassadeurs et ambassadrices du projet sont allés à la rencontre des citoyens pour réfléchir ensemble à l’avenir de la commune nouvelle » précisent-ils. Une défense un peu légère pour l’opposition qui dénonce surtout avec cette fusion « une manœuvre purement politique pour acquérir un réservoir de voix socialistes » en vue des prochaines élections municipales de mars 2026. En 2020, Michel Hanotin avait raflé la ville aux communistes qui la détenaient depuis la Libération.

Les deux élus socialistes ont cependant tenu à expliquer qu’avec cette fusion, ils souhaitaient d’abord « faire émerger la bonne échelle communale pour proposer un service public local moderne, performant et le plus efficace possible face aux enjeux du quotidien, mais également aux grands défis du 21ème siècle que sont, par exemple, la transformation écologique ou la crise du logement ». Ils pensent aussi, en se rapprochant, anticiper les évolutions institutionnelles à venir autrement plus contraignantes. C’est aussi pour la commune nouvelle une manne financière qui s’annonce. « À court et moyen termes, Saint-Denis verra ses recettes augmenter via une hausse de la dotation globale de financement de l’État » expliquent les élus. En effet, l’État prévoit un bonus de 15 e par an et par habitant pendant trois ans, pour les communes de moins de 150 000 habitants. Avec 149 781 habitants selon les chiffres de la mairie, la fusion permettra à Saint-Denis d’engranger une dotation de 6,74 millions d’euros. Pour autant, cette dotation « ne sera pas suffisante pour absorber la diminution des impôts sur Pierrefitte » a fait savoir Sofia Boutrih, conseillère municipale PCF à Saint-Denis et cheffe de file de l’opposition.

De janvier 2025 à mars 2026, les deux conseils municipaux actuels vont s’additionner. 94 élus siègeront en séance (55 Dionysiens, 39 Pierrefittois). « Les élections municipales de mars 2026 seront les premières organisées à l’échelle de la commune nouvelle, avec des listes de 61 noms (soit 30 % d’élus en moins) en vue de siéger dans un Conseil municipal unique. Ce dernier désignera le maire de la commune nouvelle et le maire de la commune déléguée de Pierrefitte-sur-Seine » expliquent Michel Hanotin, maire de Saint-Denis et son désormais premier adjoint Michel Fourcade. 


*Le 31 mai 2024, lors de conseils municipaux simultanés, le projet de la commune nouvelle de Saint-Denis a été voté par 45 voix pour sur 55 à Saint-Denis et 26 pour sur 36 à Pierrefitte.


En France, 787 communes nouvelles ont été créées depuis 2010 (date de leur création). Saint-Denis est pionnière en première couronne parisienne.

345 K2_VIEWS