Les usages évoluent et s’accélèrent et avec eux s’installe la fibre, la seule à même de répondre aujourd’hui aux besoins grandissants des clients (débits / usages gourmands). Pendant plus de cinquante ans, le cuivre a accompagné les Français dans leurs communications. D’abord réservé à la téléphonie, il a ensuite permis la généralisation de l’Internet haut débit, grâce à l’ADSL et ses nombreuses évolutions (SDSL, VDSL). Initié il y a plus de 10 ans, la couverture nationale en fibre est annoncée pour la fin de cette année (en 2024, près de 90 % des locaux de l’hexagone sont couverts). « Arrivé en fin de vie, le réseau cuivre qui a atteint aujourd’hui ses limites en termes de débits est amené à fermer et à être remplacé par la fibre optique (ou d’autres technologies pertinentes) » confirme la fédération française des Télécoms. Et aussi parce que la fibre se présente comme « la technologie la plus robuste et la plus performante », « conserver indéfiniment deux réseaux fixes en France et maintenir deux réseaux de technologies différentes, chacun assurant une couverture nationale est un non-sens économique » souligne Orange qui a annoncé fin 2019 sa volonté de fermer progressivement son réseau cuivre. Aussi sans attendre, l’opérateur historique, propriétaire du réseau cuivre s’est lancé dans le démontage du million de kilomètres de câbles en cuivre qui maille le territoire. Après une période transitoire et de tests, le démontage connaît aujourd’hui une montée en puissance sans précédent pour être au rendez-vous de la disparition programmée du cuivre en 2030. Les grandes agglomérations ont déjà vu les câbles les plus importants retirés mais le plus dur reste à faire, retirer le cuivre partout en France et notamment dans les lieux les plus retirés. « Au cours des six prochaines années, nous allons déposer autant de câbles de cuivre que lors des quinze dernières années, avec un pic en 2028 et 2029 » explique à nos confrères du Monde, Bénédicte Javelot, directrice des projets stratégiques et du développement d’Orange France.
Mais si le démontage, complexe, va forcément coûter un peu d’argent à Orange, il pourrait aussi lui rapporter pas mal en recyclant et valorisant la matière récupérée… ce qui permettrait de financer le chantier de démontage et pourquoi pas même engranger un petit bénéfice. Mais sur ce point Orange ne communique pas. Il faut juste avoir à l’esprit que début 2024, la tonne de cuivre s’échangeait sur le London Metal Exchange, la Bourse de Londres spécialisée dans les matières premières, autour des 8700 dollars, avec même un pic au printemps 2024 à 11 000 dollars la tonne (10 700 euros). En juin 2022, la Tribune avait estimé à plus de 8 milliards d’euros la valeur du stock de cuivre d’Orange. L’opérateur n’avait ni confirmé, ni démenti.
Les experts estiment que le marché du cuivre va se tendre encore davantage dans les années futures, le métal, meilleur conducteur d’électricité, étant notamment un élément primordial pour les batteries de voitures électriques. Selon le groupe de ressources BHP, l’industrie pourrait avoir besoin de 70 % de cuivre supplémentaire d’ici 2050 par rapport à 2021, pour atteindre 50 millions de tonnes par an. Or, faute de projets miniers suffisants, le cuivre pourrait venir à manquer plus rapidement que prévu. D’où le regain d’intérêt pour les bobines de cuivre des réseaux télécoms.
Evoquant le démontage du réseau, « ce chantier nécessite une organisation spécifique » a admis Bénédicte Javelot qui explique à nos confrères du Monde que cela va « de l’identification de notre patrimoine au choix des entreprises de travaux, aux outils de pilotage et de contrôle ». Une fois déterré ou enlevé des poteaux, le fil de cuivre est mis en bobine avant que ne vienne le temps du recyclage. Au regard de la quantité de cuivre à recycler en peu de temps, Orange juge qu’il va falloir « structurer la filière avale en recrutant des recycleurs existants ou en incitant de nouveaux investissements, à l’échelle nationale, dans les régions et aux frontières de la France ». D’où le choix d’Orange de lancer très prochainement un appel d’offres. ■