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Mutuelles : une augmentation “alarmante”

En cinq ans, les tarifs des mutuelles ont augmenté de 40 % selon l’UFC-Que choisir.

Chaque année, les tarifs des mutuelles augmentent. C’est un fait relevé et dénoncé une nouvelle fois par l’association de consommateurs UFC-Que choisir dans une étude publiée le 27 janvier 2025. En 2025, les cotisations des complémentaires santé ont ainsi augmenté de 6 % en moyenne et jusqu’à 7,3 % pour certains contrats selon les acteurs du secteur qui expliquent ce bond tarifaire par la « poursuite de la hausse des dépenses de santé en France ». Mais pour UFC-Que choisir « ce chiffre ne dit rien des variations en fonction de l’âge, principale donnée prise en compte dans le calcul des cotisations ». Entre 2018 et 2024, les cotisations ont augmenté de 40 % a calculé l’association qui dénonce des augmentations qui « étouffent des millions de Français et accentuent les inégalités sociales ». Ces hausses peuvent parfois même devenir un frein à toute souscription à une complémentaire et contraindre le patient à renoncer à des soins. Il ressort d’un sondage réalisé par l’association que 7 % des personnes interrogées ne sont pas couverts par une mutuelle. Un chiffre qui monte à 11 % pour les étudiants et à 17 % pour les personnes sans activité. 72 % des Français interrogés jugent que les cotisations plombent leur budget, et 32 % d’entre eux se disent prêts à renoncer à leur mutuelle en raison de leur situation financière. 58 % des personnes sans mutuelle déclarent ne pas en avoir en raison du coût prohibitif des cotisations. « Laisser les plus vulnérables choisir entre se soigner et payer leurs factures, c’est indigne d’un pays comme le nôtre » pointe Marie-Amandine Stévenin, présidente de l’UFC-Que Choisir qui enfonce le clou : « L’État doit cesser de détourner le regard et prendre ses responsabilités. L’accès aux soins n’est pas un privilège, c’est un droit fondamental ».

Toujours selon le sondage de l’association, la complexité administrative représente un frein pour de nombreuses personnes non-assurées (14 %) même si 28 % déclarent ne pas ressentir le besoin de souscrire à une mutuelle. Mais est-ce la vraie raison ? L’association y voit plutôt une forme de résignation face à la complexité administrative qui entoure la souscription d’une mutuelle. « Les comparaisons entre mutuelles sont impossibles car elles ne parlent pas le même langage ! » déplore un retraité interrogé par l’UFC-Que choisir. Un autre déclare : « Il faudrait vraiment que les complémentaires santé (mutuelles) soient plus claires sur les informations de garanties car je trouve que c’est incompréhensible ». Sans oublier que beaucoup d’assurés déclarent voir leurs cotisations augmenter mais trouvent que les remboursements sont moins importants, voire inexistants pour certaines maladies et traitements. « Plus on paye cher la mutuelle ainsi que les taxes et moins on est remboursé ! » explique une femme interrogée. « Les mutuelles sont trop chères ! » résume un autre.

L’association pointe également les frais de gestion de ces complémentaires santé estimés « entre 10 % et 27 %, selon leurs propres chiffres ». Des frais qui, selon l’UFC-Que choisir « pourraient être évités » surtout lorsqu’ils sont comparés à ceux de la Sécurité sociale qui sont compris « entre 1 et 4 % du budget selon les branches », d’après le site internet de la Sécurité sociale.

Dans ce contexte et face à ces hausses, l’association de consommateurs plaide pour un « projet de grande Sécu » qui remplacerait le système actuel combinant Sécurité sociale et mutuelles. Elle milite alors pour un système redistributif qui permettrait de « garantir l’accès aux soins tout en réduisant les inégalités sociales ». L’association souhaite aussi une prise en charge à 100 % des soins essentiels par l’Assurance maladie, « afin de sortir des logiques marchandes et protéger tous les citoyens » et une « gouvernance transparente et participative » qui impliquerait « toutes les parties prenantes, sans oublier les usagers, dans la définition des soins essentiels et les décisions stratégiques »


Aujourd’hui, 4 % de la population, soit 2,6 millions de Français, n’ont pas de complémentaire santé, souvent pour des raisons financières.

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