Lors des élections législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet derniers, dans sa circonscription de l’Orne, Jérôme Nury a dû affronter une candidate d’extrême droite venue tout droit de…Seine-Saint-Denis, département dans lequel elle est conseillère municipale. Une incongruité qui n’est pas passée auprès de cet élu de terrain. D’autant plus que ce tour de passe-passe s’est reproduit dans plusieurs autres circonscriptions. « Le parachutage politique est malheureusement devenu monnaie courante et renvoie une image désastreuse de l’engagement politique » écrit Jérôme Nury dans l’exposé des motifs de sa proposition de loi organique déposée le 11 septembre dernier. « Ces candidats parachutés ne sollicitent les suffrages des électeurs que dans le seul but d’obtenir un poste au regard d’une configuration politique locale qui leur serait plus favorable, et non plus dans l’objectif de se rendre utile pour les administrés qu’ils rencontrent au quotidien » s’agace-t-il. « Nos citoyens ont besoin de connaître leurs élus. L’intérêt de notre fonction, c’est d’être à portée d’engueulade » explique-t-il au Figaro soulignant même que certains candidats ne se déplacent même plus dans leur circonscription d’adoption. Le combat de Jérôme Nury est aussi celui de la défense des départements ruraux et de leurs élus de terrain contre la logique des appareils des partis qui cherchent parfois à investir une personne extérieure plutôt que promouvoir les élus locaux. Comment une élue parisienne pourrait-elle défendre les intérêts d’un territoire rural se demande l’Ornais. Le député souhaite alors pour les législatives calquer le modèle qui est en cours pour les municipales dans lequel chaque candidat doit, pour être élu conseiller municipal avoir une attache avec la commune dans laquelle il se présente. « Autrement dit, chaque candidat doit résider dans ladite commune sur au moins six mois, y tenir domicile ou encore d’y être personnellement redevable d’un impôt local ». Des conditions qu’il voudrait désormais voir appliquées aux candidats aux législatives. Sa proposition de loi vise donc à imposer à tous les candidats aux élections législatives de remplir les conditions pour être électeur d’une commune située dans la circonscription d’élection. « Chaque candidat doit voter dans sa circonscription d’élection » résume Jérôme Nury. « Demander un lien avec le territoire, ça sera toujours mieux » insiste le député de l’Orne.
Face à « l’essor » des parachutages, Jérôme Nury espère bien réunir un nombre élevé de signataires autour de sa proposition de loi organique même s’il ne se fait guère d’illusion sur une issue positive. En 2017 déjà, le député Jean-Carles Grelier (MoDem, ex-LR) avait déposé une proposition de loi visant à interdire le « nomadisme électoral ». Elle n’a jamais été examinée. ■