Les Français sont de plus en plus nombreux à déclarer leur flamme aux produits estampillés « made in France ». Et sondage après sondage, cet intérêt se confirme. En janvier dernier, les résultats d'une enquête réalisée par l'Ifop montrent que 90 % des Français considèrent la thématique du « made in France » comme importante pour l'avenir et 79 % disent s'y intéresser de plus en plus. Ce sont ainsi 9 Français sur 10 qui pensent que le « made in France » est un sujet important. 94 % d'entre eux considèrent qu'acheter un produit « made in France » est une façon de soutenir les entreprises françaises, 93 % disent qu'il s'agit de préserver l'emploi et les savoir–faire. Pour 89 % c'est un acte utile et 86 % adhèrent à l'idée que c'est un acte citoyen. A la question posée sur l'importance accordée au pays de fabrication des produits, seuls 12 % ne se préoccupent pas du tout du pays de fabrication (ils étaient 17 % en 2011) et plus de 7 Français sur 10 déclarent être plus vigilants à la dimension « made in France » dans leurs actes d'achat confirme l'étude.
Lorsqu'on les interroge, assez spontanément les Français définissent le « made in France » de manière positive, « la bonne qualité » ou « les bienfaits pour l'économie » sont prioritairement évoqués, au global c'est près de 85 % de citations positives qui émanent des réponses spontanées des personnes interrogées. Rares sont celles qui ont une opinion négative, seulement 10 %, et parmi elles 6 % citent le prix comme critère négatif poursuit l'Ifop. Mieux encore. Cet intérêt pour le « made in France » se traduit de plus en plus dans les faits. 8 Français sur 10 déclarent que depuis que le sujet s'immisce dans l'actualité (6/7 ans) ils ont sensiblement modifié leurs habitudes de consommation.
Un acte citoyen
Si au-delà de la qualité et du prix d'un produit, critères de choix premiers pour un achat, l'étude de l'Ifop tend à démontrer la progression du critère du pays de fabrication, de plus en plus présent dans l'esprit du consommateur, notamment dans le secteur de l'alimentaire. « Le pays de fabrication est un critère auquel les Français accordent une importance réelle (61 %, contre 46 % en 2011) ». Parmi eux, 14 % déclarent qu'il s'agit là d'un critère de choix déterminant qu'ils prennent systématiquement en compte lorsqu'ils achètent un produit (+4 points en 5 ans) et 41 % qu'il s'agit d'un critère de choix important qu'ils prennent souvent en compte (+11 points). « Signe de l'intérêt grandissant des consommateurs pour le Made In France, 92 % des personnes interrogées considèrent que l'information relative au pays de fabrication des produits devrait être obligatoire comme c'est le cas aujourd'hui pour les produits frais de l'alimentaire et 91 % signalent qu'il est important de pouvoir identifier facilement l'origine des produits achetés » constate l'Ifop.
Des fraudes plus nombreuses
L'engouement pour le « made in France » a été bien compris par les entrepreneurs et les fabricants. Très bien compris par certains même. Le drapeau bleu blanc rouge, les mentions dans lesquelles est employé le mot France fleurissent sur le packaging de produits toujours plus nombreux. Les arnaques au fabriqué en France se multiplient ces dernières années constate la DGCCRF qui attire surtout l'attention sur les produits de l'agroalimentaires plus susceptibles de faire l'objet de fraudes. En 2015, la DGCCRF a contrôlé pas moins de 8600 points de vente de fruits et légumes et elle a pu noter qu'un point de vente sur 5 était en infraction quant à l'origine de provenance des produits vendus. Fruits et légumes, huile d'olive, miel… sont quelques-uns des produits qui font le plus souvent l'objet de tromperie pour le consommateur. Il en est ainsi d'apiculteurs français indélicats qui choisissent d'acheter du miel en Europe et de finir la production dans l'hexagone. « Une partie de la marchandise viendrait de la fraude par approvisionnement à l'importation » reconnaît la Fédération française des apiculteurs professionnels cité par le magazine « 60 millions de consommateurs ». Il en est de même dans ; le secteur des huiles d'olives qui a dû subir ces dernières années des baisses de récoltes conséquentes. Pour s'en sortir certains producteurs français n'ont pas eu d'autres choix que de s'approvisionner à l'étranger, en Espagne essentiellement. Mais voilà au moment de vendre leur production, quelques-uns ont omis de retirer de l'emballage la mention « appellation d'origine contrôlée ». Une enquête de la gendarmerie et de la DGCCRF révélée par le quotidien La Provence a montré qu'entre septembre 2014 et janvier 2015, 120 tonnes d'olives espagnoles auraient fini leur cycle en huile en Provence sous les appellations frauduleuses d'AOP Vallée des Baux, AOP Provence et AOP Olives françaises. Sans compter qu'au-delà de ces usurpations d'appellations, plusieurs sociétés n'hésitent pas pour entretenir le flou à vendre des huiles aux indications de provenance des plus farfelues (« huile d'olive produite dans la vallée des Baux-de-Provence », « Provenance des meilleurs terroirs européens »… ).
« Heureux qui peut savoir l'origine des choses »
Ce doute qui ne bénéficie évidemment pas au consommateur est l'objet d'une vaste réflexion juridique sur ce qui est véritablement le « fabriqué en France ». Aujourd'hui la mention « made in France » est délivrée par les services des douanes selon des règles dites « d'origines non préférentielles » définies au niveau européen. Elles permettent d'établir la « nationalité » d'un produit quand des facteurs de production provenant de plusieurs pays interviennent : composants, matières premières et diverses étapes de la fabrication. Dit autrement cela donne : « le produit prend l'origine du pays où il a subi la dernière transformation substantielle ». Mais ici encore le doute subsiste parfois. De son côté, le député Yves Jégo souhaite avec son association Pro France mettre fin aux incertitudes et au foisonnement des labels en promouvant son label « Origine France garantie » créé en 2010 et qui obéit à un cahier des charges spécifique. Pour être labellisé, le produit manufacturé doit prendre ses caractéristiques essentielles en France (le produit prend sa forme distinctive en France), et de 50 % à 100 % du prix de revient unitaire de ce produit doivent être acquis en France. Le Label OFG répond à deux préoccupations majeures explique son concepteur : « Permettre au consommateur qui souhaite connaître l'origine d'un produit d'avoir une information claire et transparente, et éventuellement d'arbitrer sur ce critère ; et permettre aux entreprises qui souhaitent valoriser le maintien, le développement ou le retour d'activités productives en France de le faire de manière efficace, sur le marché intérieur comme sur les marchés d'export ». Aujourd'hui on recense plus de 600 entreprises en France détentrices de ce label, soit une gamme de près de 1700 produits qui vont « du biscuit à la voiture en passant par des sacs à main ».
« Le Grand public est de mieux en mieux informé et se met en quête d'authenticité. A cet égard les marques seules ne suffisent plus aujourd'hui à leur donner confiance. C'est pourquoi les professionnels français sont de plus en plus nombreux à faire figurer une mention d'origine sur leurs produits, le considérant comme un argument supplémentaire à faire valoir » souligne la Direction Générale des entreprises dans son « Guide du marquage d'origine France ». ■