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Signes de détente aux Malouines

Archipel de l’Atlantique Sud situé à 480 km des côtes de l’Argentine, les îles Malouines (Falkland Islands en anglais, Islas Malvinas en espagnol), sont un territoire britannique d’outre-mer depuis 1833. L’archipel revendiqué depuis toujours par l’Argentine a été l’objet d’une guerre entre les deux pays en 1982. Mais depuis l’arrivée au pouvoir de Mauricio Macri les relations tendent à s’apaiser. Un accord de coopération économique vient d’être signé entre Londres et Buenos-Aires.

Un signe incontestable de détente. L’accord de coopération économique signé entre le Royaume-Uni et l’Argentine constitue la première déclaration commune sur la question des Malouines depuis 1999 s’est réjoui le Foreign Office. Il s’agit d’un compromis « positif », dans le « respect mutuel » précise le communiqué commun publié le 14 septembre. L’annonce de cette signature a été faite à l’occasion d’une visite à Buenos-Aires d’Alan Duncan, Secrétaire d’Etat britannique aux Affaires étrangères qui assistait à un forum sur les investissements dans les entreprises argentines. Etait également présente à ce forum, la Ministre des Affaires étrangères argentine, Susana Malcorra. Les ennemis d’hier ont ainsi décidé « de prendre les mesures appropriées pour éliminer tous les obstacles qui limitent la croissance économique et le développement durable des îles Malouines » souligne le communiqué. Cet accord de coopération économique aborde de nombreux secteurs. Il permet notamment de lever les restrictions dans les domaines de la recherche pétrolière et gazière, sur la pêche et la navigation et le commerce. L’accord traite également des questions de transport aérien  – de nouvelles liaisons entre les Malouines et le Royaume-Uni vont être facilitées -, mais aussi la lutte contre la corruption et contre le trafic de drogue.

Avancer dans le dialogue

Cette signature est le signe d’un renouveau dans les relations conflictuelles entre la Grande-Bretagne et Buenos-Aires. Depuis 1833 et l’occupation manu militari de l’archipel par les troupes britanniques, l’Argentine n’a eu de cesse d’en revendiquer la souveraineté. En 1982, face à la crise économique qui secoue le pays, la dictature du général Léopoldo Galtieri décide l’occupation par la force des Malvinas. Réplique immédiate de Margaret Thatcher avec l’envoi d’un corps expéditionnaire. En deux mois et demi, la guerre des Malouines fait 907 morts et se solde par la reddition argentine. Mais cela n’a en rien refroidi les revendications argentines. Les tensions entre les deux pays restent fortes sous les présidences de Nestor et Cristina Kirchner. Il faut attendre l’arrivée au pouvoir de Mauricio Macri en novembre 2015 pour voir une évolution dans ces relations (même si pour lui l’archipel resterait « inexorablement » argentin). « Nous avons un différend avec le Royaume-Uni qui est clair, mais pour autant nous voulons trouver des mécanismes qui nous permettent d’avancer dans le dialogue » poursuit la Ministre des Affaires étrangères argentine (1). Dès son arrivée à Downing Street, Theresa May a écrit au président argentin, exprimant le souhait « sincère » de retisser les liens avec l’Argentine. L’amélioration des relations est « dans l’intérêt de nos deux pays et de celui des habitants de l’archipel » souligne-t-on à Londres.

Reste que sur l’archipel, les quelques 3000 habitants sont toutefois soucieux. Et le vote du Brexit n’a pas arrangé les choses. L’économie des Malouines repose à 70 % sur les exportations (essentiellement du poisson) à destination des pays de l’UE. Or, « si l’on restreint l’accès de nos produits au marché commun européen, cela aura des conséquences catastrophiques pour nous » s’inquiétait avant le vote, Sukey Cameron, Déléguée de Malouines à Londres. Sans compter que la Grande-Bretagne, sortie de l’Union, pourrait ne plus avoir le même soutien des capitales européennes face aux revendications argentines. Pour autant, l’Argentine, qui cherche à restaurer la confiance des investisseurs doit faire preuve de pragmatisme ; l’ouverture de relations économiques bilatérales peut y contribuer. 


1. Les autorités argentines n’ont jamais reconnu le référendum de 2013 sur l’archipel qui a vu 98,8 % de ses habitants demander à rester sujets britanniques.

 

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