“Fors l’honneur”
Deux généraux, deux époques mais le même sens de l’honneur et du devoir chevillé au corps. Dans « Servir », le général de Villiers, ancien chef d’Etat-Major des Armées revient sur sa carrière et sur son départ précipité à la fin de l’été à la suite d’un désaccord avec le Chef des armées, Emmanuel Macron. Sans brutalité, sans reproche mais sans concession, le général dit ce que sont pour lui le rôle et la place d’un chef militaire et quelle est sa responsabilité face à ses hommes et face à la nation. Une réflexion qui n’a pu le conduire qu’à sa démission, forcée mais dans l’honneur. Dans « La Nostalgie de l’honneur », Jean-René Van der Plaetsen nous raconte la vie de son grand-père, le général Crépin qui en 1940, a dû en quelques minutes, alors qu’il n’était que capitaine, décider d’accepter la défaite ou de poursuivre la guerre avec de Gaulle. De là débute une carrière faite de combats en Afrique, en Europe, en Extrême-Orient menés dans le respect de la parole donnée. Une vie d’homme, comme celle d’Athos ou de Cyrano, celle de ces « grands seigneurs » qui savaient ce que voulaient dire les mots devoir et honneur et qui avaient « le goût du panache et de l’audace ». Des valeurs perdues dans la société qui est la nôtre regrette l’auteur. ■
Servir – Général de Villiers – La Nostalgie de l’Honneur – Jean-René Van der Plaetsen - Grasset - 234 pages
Le gouvernement des citoyens
“Pour sortir l’Etat de ses archaïsmes et de ses contraintes, la clé est d’avoir recours à l’intelligence collective. Dans un esprit d’ “open Government”, il faut rationaliser l’action du gouvernement grâce à une décision politique inspirée et informée par la collectivité, et donc embrasser la co-construction des politiques publiques” explique Yann Coatanlem, président du think tank Club Praxis et directeur de recherche dans une institution financière. Ce changement de paradigme profond, appelé Gouvernement du citoyen nécessite un retrait de l’Etat. Celui-ci doit alors se limiter à l’échelon de responsabilité le moins élevé possible, dans une stricte application du principe de subsidiarité depuis l’initiative privée jusqu’à la gouvernance européenne et mondiale. Dans la droite ligne de Michel Crozier, l’auteur montre que seule la libre concurrence des modèles économiques et sociaux pourra faire émerger « une société redynamisée face à un Etat moins omniscient et omnipotent ». « Il n’y aura pas de renouveau démocratique sur le long terme sans rééquilibrage des pouvoirs entre l’Etat et le citoyen » conclut-il. ■
Le Gouvernement des citoyens - Yann Coatanlem - Puf - 280 pages
Chirac !
Le photographe Christian Boyer retrace en photos le parcours de Jacques Chirac, « un homme politique vrai et entier » qu’il a suivi depuis ses premiers pas en politique jusqu’à aujourd’hui, devenant même un de ses amis intimes. Emaillé de photographies uniques et de témoignages – hommes et femmes politiques, artistes, sportifs – qui ont croisé sa route, ce livre permet de (re) découvrir le style et la personnalité inimitables de Jacques Chirac. Un tantinet hagiographique, l’album a le mérite de nous rappeler ces années Chirac ; une époque lointaine déjà. ■
Jacques Chirac - Une vie pour la France - Christian Boyer - Préface d’Alain Juppé - 144 pages - Editions Tallandier -200 photos
Ces années-lÀ
C’était mieux avant entend-on souvent. Et si c’était vrai ? Les seventies sont aux yeux de beaucoup, « une parenthèse enchantée, un moment de grâce ». Avec cet « Atlas de la France des années 70 », le chanteur Dave, icone de cette période, le journaliste économique Benoist Simmat et la cartographe Aurélie Boissière nous font remonter le temps. Dans la France des années 1970, le pantalon pattes d’éph et le col pelle à tarte sont de rigueur, on chante La Bohème d’Aznavour, on danse comme Travolta, Rabbi Jacob tient le haut de l’affiche, le chômage n’existe pas (ou à peine), les communistes font 20 % des voix et Giscard est élu, on se marie beaucoup et ont fait aussi beaucoup d’enfants, c’est l’âge d’or des disquaires et de la presse... Bref, le bonheur ou en tout cas ce qui pourrait y ressembler. En plus de 60 cartes et graphiques inédits, les auteurs nous replongent dans cette France qui n’est plus. Population, culture, économie, politique : un atlas pour se souvenir, s’étonner et comparer tout ce qui a changé en 40 ans. Nostalgie quand tu nous tiens. ■
Atlas de la France des années 1970 - Textes de Benoist Simmat - Cartographie de Aurélie Boissière - Préface de Dave - Autrement - 128 pages
Mémorial
Depuis près de deux siècles, le manuscrit original du célèbre Mémorial de Sainte-Hélène sommeillait dans les archives de la British Library. Voilà qu’il ressurgit, et l’histoire, non pas réécrite, est revue et corrigée. En 1815, le conseiller d’Etat, Emmanuel de Las Cases choisit, non sans arrière-pensée, d’accompagner l’Empereur déchu dans son exil à Sainte-Hélène. Sur ordre des Anglais, il sera expulsé seize mois plus tard. Il emporte avec lui des notes dictées par Napoléon, soucieux d’écrire lui-même sa légende. En 1823, Las Cases rédigera ce qui deviendra alors la bible napoléonienne. Mais voilà, ce récit fondé sur ses conversations avec l’Empereur, réelles ou supposées, apparaît vite comme trop beau pour être vrai. Pour en être sûr, encore aurait-il fallu disposer du manuscrit original. Or les Anglais l’avaient confisqué en expulsant Las Cases. Sa découverte par quatre historiens offre une lecture inédite des premiers mois de l’Empereur en exil, de ce qu’il a dit et fait. Une version moins romancée de la vie de Napoléon, légèrement différente de celle livrée, enjolivée et enrichie par Las Cases dans le Mémorial. Ainsi la voix de Napoléon se fait plus proche et plus authentique. ■
Mémorial de Sainte-Hélène. Le manuscrit retrouvé - Las Cases - Peter Hicks, François Houdecek, Thierry Lentz, Chantal Prévot - Editions Perrin - 800 pages
Le Vatican dans le cadre
A travers une présentation des archives photographiques secrètes et inédites du Vatican, les vaticanistes Caroline Pigozzi (Paris Match) et Giovanni Maria Vian (Osservatore Romano), nous plongent au cœur du Vatican d’hier et d’aujourd’hui. Un Vatican « privé » méconnu. On découvre les hommes et les femmes qui y vivent et qui y travaillent. C’est aussi le quotidien et l’intimité des successeurs de Saint-Pierre depuis la moitié du XIXème siècle que l’on découvre avec étonnement parfois. Les photos rares et inattendues présentes dans cet ouvrage ont été sélectionnées une à une parmi des milliers de clichés. Un choix précis et des commentaires sobres qui reflètent le sincère attachement des deux vaticanistes pour leur « sujet ». Habemus papam ! ■
Les photos secrètes du Vatican - Caroline Pigozzi et Giovanni Maria Vian - Photos choisies par Marc Brincourt, rédacteur en chef photo de Paris Match - Plon / Gründ -324 pages - 300 photos
L’école est finie
Le constat dressé par Anne-Sophie Nogaret, professeur de Philosophie est sans appel : l’école publique française ne remplit plus sa mission. Ce livre raconte par le détail le quotidien d’un professeur d’aujourd’hui confronté à la violence dans les collèges et lycées, aux petits arrangements en conseil de classe, aux lâchetés en conseil de discipline, aux consignes pour la notation du baccalauréat sans oublier les multiples directives incompréhensibles des rectorats… « Par-delà les incivilités, si quotidiennes que chacun en vient à les considérer comme faisant partie de la norme, par-delà la violence qu’il est désormais officiellement interdit de sanctionner, les profs doivent travailler avec des élèves qui en terminale générale se révèlent souvent incapables de comprendre un texte simple de quelques lignes. Des élèves à qui leur propre langue est devenue étrangère et qui pourtant obtiennent tous le bac... » Un témoignage accablant et inquiétant. Et loin de ne concerner que les lycées sensibles, « la lame de fond touche tous les publics, sur l’ensemble du territoire ». ■
Du mammouth au Titanic - Le déséducation nationale - Anne-Sophie Nogaret - L’Artilleur - 320 pages