De manière générale, le système de santé français assure un bon accès à des soins de grande qualité. Pour autant, les principaux défis à relever sont de renforcer la prévention pour améliorer la santé et réduire les inégalités de santé, et poursuivre la transformation du système de santé en renforçant la médecine de ville pour mieux répondre aux besoins du nombre croissant de personnes atteintes de maladies chroniques et réduire les recours aux hôpitaux.
L’espérance de vie en France est l’une des plus élevées de l’UE, même si les progrès ont ralenti au cours de cette décennie
En 2017, l’espérance de vie à la naissance en France était de 82,7 ans, soit la troisième plus longue de l’UE après l’Espagne et l’Italie. Elle est particulièrement élevée chez les femmes (en deuxième position après l’Espagne), mais seulement à la neuvième place pour les hommes.
Bien que l’espérance de vie des femmes françaises soit longue, elle s’est accrue de moins d’un an entre 2010 et 2018, contre environ deux ans au cours de la décennie précédente. L’accroissement de l’espérance de vie chez les hommes a aussi ralenti, passant à 1,5 an entre 2010 et 2018 contre environ trois ans au cours de la période 2000-2010.
En France comme dans d’autres pays de l’UE, ce ralentissement des gains d’espérance de vie au cours de cette décennie est principalement due à un ralentissement de la réduction des taux de mortalité à un âge avancé. Une augmentation du taux de mortalité a même été observée chez les personnes de 85 ans et plus entre 2011 et 2015, ce qui a entraîné une diminution de l’espérance de vie. La mortalité liée aux maladies cardiovasculaires (le principal moteur des gains d’espérance de vie au cours des décennies précédentes) a ralenti, et le nombre de décès dus à la maladie d’Alzheimer et aux autres formes de démence a augmenté entre 2011 et 2015, à l’instar du taux de mortalité liée à la grippe, aux pneumonies et autres maladies respiratoires.
Les Français vivent plus longtemps qu’avant, mais pas toujours en bonne santé
Les personnes âgées représentent une proportion croissante de la population française étant donné les gains d’espérance de vie au cours des décennies précédentes et le vieillissement de la génération du « baby boom ». En 2017, une personne sur cinq avait 65 ans et plus, contre une sur sept en 1980, et cette part devrait passer à plus d’une sur quatre d’ici 2050. Ce vieillissement de la population accroît les besoins et les pressions sur les systèmes de santé et de soins de longue durée en France comme ailleurs.
L’espérance de vie des Français à l’âge de 65 ans en 2017 était de 22 années supplémentaires, presque deux ans de plus que la moyenne de l’UE. Cependant, moins de la moitié de ces années de vie après 65 ans sont en bonne santé et sans incapacité.
En effet, en 2017, plus de trois personnes sur cinq âgées de 65 ans et plus déclaraient souffrir d’au moins une maladie chronique (selon l’enquête SHARE), bien que cela ne les empêche pas nécessairement de vivre une vie normale. Une personne sur six de 65 ans et plus déclarait être limitée dans des activités de la vie quotidienne (telles que s’habiller et manger) pouvant nécessiter des soins de longue durée, une proportion égale à la moyenne de l’UE.
Les dépenses de santé restent bien plus élevées que la moyenne de l’UE
Les dépenses de santé en part du PIB ont augmenté au cours des dix dernières années en raison principalement de la faible croissance économique, passant de 10,3 % en 2007 à 11,3 % en 2017, soit la part la plus élevée de l’UE avec l’Allemagne, et largement supérieure à la moyenne de l’UE de 9,8 %. Toutefois, la France n’arrive qu’à la sixième place du classement en terme de dépenses de santé par habitant, avec 3 626 EUR par habitant en 2017 (montant ajusté pour tenir compte des différences de pouvoir d’achat). Même si ces dépenses dépassent de 25 % la moyenne de l’UE (2 884 EUR), plusieurs pays, comme l’Allemagne, l’Autriche, la Suède, les Pays-Bas et le Danemark, dépensent plus que la France (graphique 1).
La plus grande part des dépenses de santé en France est allouée aux soins hospitaliers dispensés dans les hôpitaux publics et privés. Ces dépenses hospitalières représentaient environ un tiers de l’ensemble des dépenses de santé en 2017, une part plus élevée que la moyenne de l’UE de 29 % et bien plus élevée que dans les pays nordiques comme la Suède et le Danemark qui ont entamé beaucoup plus tôt le virage ambulatoire. Un peu plus d’un quart des dépenses de santé en France était consacré aux soins de ville, comprenant les soins de généralistes, les soins spécialisés et les soins dentaires. Les dépenses affectées aux médicaments dispensés hors de l’hôpital représentaient presque un cinquième des dépenses de santé, et les soins de longue durée environ un septième. Les dépenses consacrées à la prévention représentaient quant à eux moins de 2 % de l’ensemble des dépenses de santé, une part inférieure aux 3 % de moyenne dans l’UE, mais ce chiffre n’inclut toutefois que les dépenses consacrées aux programmes organisés de prévention.
Le nombre de médecins par habitant est resté stable et est maintenant en deçà de la moyenne de l’UE
Le nombre de médecins par habitant en France est resté relativement stable au cours des dix dernières années, alors qu’il a augmenté dans la plupart des autres pays de l’UE. Par conséquent, le nombre de médecins en France est aujourd’hui en deçà de la moyenne de l’UE (3,2 médecins pour 1 000 habitants en France contre 3,6 en moyenne dans l’UE en 2017). À l’inverse, le nombre d’infirmiers par habitant a augmenté, passant de 7,6 pour 1 000 habitants en 2007 à 10,5 pour 1 000 habitants en 2017, ce qui est au-dessus de la moyenne de l’UE. Cependant, de nombreux infirmiers ne travaillent pas à temps plein, ce qui réduit l’offre de services, et des pénuries existent présentement dans plusieurs hôpitaux.
La pénurie grandissante de médecins (notamment de généralistes) suscite aussi des inquiétudes, d’autant plus que 45 % des médecins en exercice aujourd’hui ont 55 ans ou plus et pourraient donc partir à la retraite dans les dix prochaines années.
En réponse à ces inquiétudes, le nombre d’étudiants admis sous le numerus clausus a fortement augmenté ces dix dernières années, avec un retour, en 2017-2018, à un niveau observé pour la dernière fois dans les années 1970 (graphique 2). Le gouvernement a annoncé son intention d’augmenter de nouveau le nombre d’étudiants admis en première année et d’abolir le numerus clausus sous la forme d’un examen après la PACES tout en accordant aux universités une plus grande souplesse dans le processus d’admission.
L’accès aux médecins est plus problématique dans certaines zones rurales et défavorisées
Selon les estimations du ministère de la santé en 2017, environ 8 % de la population vivent dans des zones où l’accès à un médecin généraliste est potentiellement limité. Ces « déserts médicaux » sont situés principalement en zone rurale et dans la banlieue éloignée de petites villes et des métropoles, et sont concentrés dans le centre et le nord-ouest de la France. En réponse à ces préoccupations, une série de mesures ont été prises au cours des dix dernières années, prenant la forme notamment d’aides financières à l’installation des médecins et de différents allègements fiscaux. La principale mesure prise depuis 2007 a consisté à créer et promouvoir des maisons de santé pluridisciplinaires pour permettre aux généralistes et aux autres professionnels de santé d’exercer leur activité dans un lieu commun pour leur éviter de travailler de manière isolée. En 2017, on comptait 910 maisons de santé pluridisciplinaires et ce nombre devrait doubler d’ici à 2022. Plus récemment, les possibilités offertes par la télémédecine ont également été encouragées.
Des mesures récentes ont également été prises pour élargir les rôles de certains professionnels de santé dans le but d’améliorer l’accès aux soins. Par exemple, les infirmiers et les pharmaciens sont désormais autorisés à administrer le vaccin contre la grippe aux personnes âgées et à d’autres groupes à risques. Les infirmiers peuvent également jouer un plus grand rôle dans la gestion des maladies chroniques, telles que le diabète. Un nouveau statut d’assistant médical a aussi été créé récemment pour décharger les médecins généralistes des tâches administratives et ainsi dégager du temps médical. Toutes ces initiatives s’inspirent de pratiques qui existent déjà dans d’autres pays de l’UE et de l’OCDE. ■