Assemblée
Le livre des journalistes Wally Bordas et Nejma Brahim est sévère pour les députés macronistes. Sans être une révélation, « Tout ça pour ça » permet de remettre en mémoire les événements et personnalités marquantes (ou pas) de ces 3 dernières années. Les auteurs insistent surtout sur l’amateurisme d’un grand nombre de ces nouveaux élus qui, arrivés dans la foulée de la présidentielle au Palais Bourbon, ont cru pouvoir révolutionner la pratique politique. Mais le « nouveau monde » s’est très vite heurté à la réalité du travail parlementaire. De chapitre en chapitre, les journalistes passent d’une crise à une autre : « gilets jaunes », Benalla, réforme des retraites, Covid… en pointant les « erreurs de casting », les « maladresses » ou le « suivisme » des élus de la majorité présidentielle. Mais au-delà d’une dénonciation parfois un peu facile, c’est aussi un coup de projecteur sur la crise de la démocratie représentative avec des députés qui ont parfois du mal à trouver leur juste place face à une opinion publique versatile et jamais contente. ■
Tout ça pour ça – Couacs, déception, démissions : Enquête au cœur de l’Assemblée nationale – Wally Bordas, Nejma Brahim – Plon – 346 pages
Contre daech
Louis Saillans (un pseudonyme) a été 10 ans de sa vie commando marine. Il raconte sobrement ces années passées sur des théâtres d’opérations extérieures à servir la France dans des opérations spéciales, en Afrique et au Moyen-Orient. Au fil des pages, sans trop en dévoiler – secret défense oblige – mais suffisamment, le chef de groupe nous fait vivre ses missions visant à libérer des otages, capturer des responsables djihadistes ou neutraliser des terroristes. Au cœur de l’action. Ce livre est aussi un hommage à ces hommes qui « sont des pères de famille, des gens qui ont une vie, qui s’investissent beaucoup dans ce combat » et qui pour nous protéger n’hésitent pas à mettre leur vie en jeu. Sans rien regretter mais un brin désabusé, peut-être usé aussi, Louis Saillans a choisi de quitter l’institution. Il entend aujourd’hui servir autrement. Chef de guerre sur le champ de bataille, il sera désormais un combattant au sein de la société civile. Son nouveau combat sera celui des idées car il sait d’expérience que les opérations militaires permettent de remporter des batailles mais pas la guerre. ■
Chef de guerre – Au cœur des opérations spéciales avec un commando marine – Louis Saillans – Mareuil éditions – 190 pages
Quoi qu’il en coûte
La faillite est à notre porte et menace le pays. Dans « La France peut-elle tenir encore longtemps ? », la directrice de l’Ifrap, Agnès Verdier-Molinié est directe mais précise. Déficit, comptes publics « à sec », impôts « gigantesques », chômage en hausse… Les chiffres pullulent et laissent présager un sombre avenir. Et si les réformes souhaitées et souhaitables ne sont pas au rendez-vous, explique Agnès Verdier-Molinié, le sursaut est encore possible mais il ne faut plus perdre de temps. ■
La France peut-elle tenir encore longtemps ? Agnès-Verdier-Molinié – Albin-Michel – 304 pages
De l’ombre à la lumière
Les photos sont belles mais empreintes d’une sombre réalité. En Europe, les lieux de cultes abandonnés sont légion. Sans doute pas loin de chez vous, une église, une chapelle est ouverte aux quatre vents, envahie par la mousse et la poussière. Les chaises sont vides, les statues ont le regard triste, l’orgue n’émet plus aucun son. Si Dieu, invisible, est toujours là, les fidèles sont partis depuis longtemps. Déjà victimes des outrages du temps, en ne révélant pas leur localisation – le lecteur saura juste qu’ils se trouvent en Occitanie, au Portugal ou en Lombardie, Francis Meslet veut épargner à ces lieux cultuels abandonnés « la sauvagerie des hommes ». Mais de la plus belle des manières grâce à ses photos réalisées entre 2010 et 2012, ces églises abandonnées qui ont gardé leur âme reprennent vie. Et sortent de l’oubli. ■
Eglises abandonnées, Lieux de culte en déshérence - Francis Meslet - Editions Jonglez - 224 pages
Ivre mort
Ce livre est une bonne cuvée pourrait-on dire un peu facilement. Et pourtant, l’ouvrage de Michel Craplet sur la Révolution française est original à plus d’un titre. Le sujet d’abord : le rôle de l’alcool dans la Révolution, l’auteur ensuite qui n’est pas historien mais psychiatre et alcoologue. Avec un œil neuf et décalé, il raconte la prise de la Bastille, la fuite du roi à Varennes, la chute de la royauté, les massacres de septembre, les banquets républicains, la Terreur… pour chacun de ces événements majeurs, l’auteur montre que les bouteilles d’alcool ne sont jamais bien loin. Pour faire bonne figure ou par crainte d’être accusé de révisionnisme historique, Michel Craplet dépeint aussi Louis XVI comme un alcoolique et les aristocrates comme de grands buveurs. A boire pour tout le monde ! ■
L’ivresse de la Révolution – Histoire secrète de l’alcool 1789-1794 – Michel Craplet -Grasset – 300 pages
Moi par moi
Bruno Le Maire est un infatigable bosseur. Nul ne peut en douter puisqu’il arrive à trouver le temps d’écrire des livres en même temps qu’il assume pleinement ses fonctions de ministre dans une période compliquée. Dans « L’Ange et la Bête » sous-titré « Mémoires provisoires », le ministre raconte les trois premières années du quinquennat Macron avec force détails. A la fois personnel et politique, ce livre exprime ses « convictions les plus profondes sur cette période exceptionnelle que je vis au jour le jour comme acteur politique » confesse le ministre. Il témoigne aussi « de ce qu’est la pratique politique au quotidien, quand face à une pandémie il faut « se coltiner la réalité » en affrontant les restaurateurs mécontents, les salariés qui risquent leur emploi… » ■
L’Ange et la Bête – Mémoires provisoires – Bruno Le Maire – Gallimard – 345 pages
Vert de rage
Fatigué d’entendre ce qu’il estime être des contre-vérités, l’économiste de la santé Jean de Kervasdoué a choisi de répondre à certaines des affirmations des écologistes en les confrontant à leurs erreurs. Le bio, le nucléaire, le manque d’eau, les éoliennes, les pesticides… Toutes les grandes « causes » écologistes sont passées au crible par celui qui fut conseiller agricole de Pierre Mauroy puis directeur des hôpitaux au ministère de la Santé (1981-1986). En s’appuyant sur des exemples concrets, il réfute les arguments trompeurs ou simplistes de cette « nouvelle religion » qu’est l’écologisme, « une doxa verte qui voit tout en noir, de façon quasi dépressive, ce qui a pour conséquence de culpabiliser la société mais aussi de restreindre chaque jour un peu plus nos libertés ». Un essai provocateur, documenté et à contre-courant. ■
Les écolos nos mentent ! Jean de Kervasdoué avec la collaboration d’Henri Voron - Albin Michel
Bulles de folie
Deux bandes dessinées, deux scénarios, deux styles pour une seule histoire, celle du roi de Patagonie et d’Araucanie. Les deux albums : « Le roi du vent » (La Boîte à bulles) et « Le Roi des Mapuche » (Futuropolis) racontent très librement l’histoire vraie d’Antoine de Tounens, un Périgourdin qui, en 1860, se fera reconnaître roi par les Araucans et les Patagons, ces indiens irréductibles du Chili et de l’Argentine. Une épopée inspirante. Si chacune de ces BD a son univers, développe sa propre vision de ce héros de roman qui peut être parfois un peu déroutante pour qui connaît Orllie-Antoine 1er, toutes deux mettent à l’honneur ce « rêveur debout ». ■
Le roi du vent – Un gascon en Patagonie – Fabien Tillon, Gaël Remise – La Boîte à Bulles – 128 pages
Le roi des Mapuche – Tome 1/2 : la traversée des vastes pampas – Christophe Dabitch – Nicolas Dumontheuil – Futuropolis – 88 pages