L’idée du Grand Paris n’est pas nouvelle, elle remonte même au Second Empire, époque à laquelle, Napoléon III souhaitait étendre l’emprise de la capitale. Les choses ne se feront pas mais l’idée ne cessera d’animer nos dirigeants au fil des ans. A chaque fois les élus cherchent à gommer les inégalités territoriales entre la capitale et les communes voisines. Le département de la Seine avec ses 81 communes et tel qu’il fut entre 1929 et 1968 est sans doute ce qui s’est le plus rapproché de l’idée même de Grand Paris jusqu’à ce qu’en 1964 la réorganisation de la région parisienne voulue par le général De Gaulle ne mette un point final à ce grand ensemble au grand dam des élus de cet ensemble.
Il faut attendre 2007 pour que l’idée prenne un tour nouveau et se concrétise dans les faits. Elu président de la République, Nicolas Sarkozy lance le projet avec une consultation architecturale internationale chargée de « travailler sur un diagnostic prospectif, urbanistique et paysager sur le Grand Paris à l’horizon de vingt, trente, voire quarante ans »
Un secrétariat d’Etat chargé du développement de la Région capitale dédié à la question est également créé pour l’occasion, il est confié à Christian Blanc. Après concertation, il proposera alors la création de pôles économiques majeurs autour de Paris ainsi que la création d’un vaste réseau de transports public reliant ses pôles aux grands aéroports, aux gares et au centre de Paris. Or, son réseau vient en concurrence avec celui défendu par le Conseil régional d’Île-de-France et le Stif. La loi n°2010-597 du 3 juin 2010 relative au Grand Paris vient remettre un peu d’ordre dans tout cela en définissant le Réseau de transport public du Grand Paris comme « constitué des infrastructures affectées au transport public urbain de voyageurs, au moyen d’un métro automatique de grande capacité en rocade qui, en participant au désenclavement de certains territoires, relie le centre de l’agglomération parisienne, les principaux pôles urbains, scientifiques, technologiques, économiques, sportifs et culturels de la région d’Île-de-France, le réseau ferroviaire à grande vitesse et les aéroports internationaux, et qui contribue à l’objectif de développement d’intérêt national fixé par l’article 1er ». La mise en œuvre du réseau est confiée à un établissement public créé par cette même loi, la Société du Grand Paris. Et finalement, à la suite de la concertation publique organisée en 2011, les deux projets Grand Paris et Arc Express sont fusionnés dans un seul projet intitulé Grand Paris Express.
Cette loi prévoit aussi la création d’un établissement public chargé de l’aménagement, de l’urbanisme et de la mise en place d’une grappe industrielle et scientifique (cluster) autour du plateau de Saclay et l’Opération d’intérêt national Paris-Saclay. Ce projet concerne 49 communes des départements de l’Essonne et des Yvelines.
Pourquoi le Grand Paris ?
Le projet du Grand Paris répond à la volonté de faire de l’agglomération parisienne une métropole internationale du XXIème siècle afin d’améliorer le cadre de vie des habitants, de corriger les inégalités territoriales et de construire une ville durable.
Dans un monde globalisé et concurrentiel, le Grand Paris doit être capable de tenir tête à des villes-mondes comme New-York, Londres ou Tokyo tout en préservant son identité et son patrimoine, indispensables à son développement touristique. Or, si Paris et l’Île-de-France ont de nombreux atouts, elle ne savent pas encore suffisamment les mettre à profit. Paris et son environnement proche connaissent une croissance démographique importante faisant de l’ensemble une entité urbaine de taille mondiale… mais contrainte. La vie économique est essentiellement concentrée à Paris. Avec des réseaux de transport très orientés Banlieue-Paris, les flux domicile-travail convergent majoritairement vers Paris mais les transports, notamment le RER sont vieillissants et sont limités dans les connections de banlieue à banlieue. Paris est aussi contrainte par son boulevard périphérique qui créé une frontière avec la banlieue.
Face aux constats, l’ambition du Grand Paris est de répondre aux défis qui lui sont lancés notamment en matière de transports. Le projet du Grand Paris Express en modernisant les lignes actuelles et en en créant d’autres permettant de relier les zones d’habitat, les aéroports, les grands pôles d’activités et les zones d’emplois « ouvre de nouveaux horizons et offre de nombreuses opportunités. Avec lui, la métropole devient plus grande et plus unie ». La route et le transport routier sont aussi appelés à être repensés au bénéfice de tous. Le Grand Paris va aussi mieux intégrer les banlieues à un projet global et fédérateur en développant notamment les pôles de compétitivité. Le Grand Paris, c’est enfin une gouvernance adaptée aux enjeux de demain qui doit mettre fin à un millefeuille administratif et institutionnel source de trop nombreuses difficultés.
La gouvernance du Grand Paris
Envisagée en 2009, la fusion du département de Paris avec ceux de la petite couronne (Hauts-de-Seine, Val-de-Marne et Seine-Saint-Denis) est finalement abandonnée en 2012. L’option d’un syndicat mixte est retenue dans le projet de loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles dite « loi MAPTAM ». Ainsi est née le 1er janvier 2016, la Métropole du Grand Paris qui est une intercommunalité, « dense et urbaine » regroupant la ville de Paris, 123 communes des trois départements des Hauts-de-Seine, de la Seine-Saint-Denis et du Val-de-Marne et 7 communes de l’Essonne et du Val d’Oise. La Métropole du Grand Paris a vu le jour. Elle a été renforcée par la loi du 7 août 2015 de nouvelle organisation territoriale de la République, dite « loi NOTRe ». Aujourd’hui et comme on peut le lire sur son site internet, « la Métropole du Grand Paris travaille sur les enjeux d’un territoire qui dépassent les frontières municipales, dans le cadre d’une alliance des communes ». « Le défi qu’elle relève est celui du développement et de l’aménagement économique, social et culturel, de la protection de l’environnement et de l’attractivité internationale. Un défi qui mise sur l’emploi, l’investissement et l’innovation. La Métropole du Grand Paris s’inscrit à la fois dans une dynamique mondiale et dans une dynamique locale. C’est une intercommunalité qui constitue l’espace de dialogue et d’orientation stratégique des communes de la zone dense continue ».
Aux côtés de la métropole du Grand Paris on trouve aussi de grandes communautés d’agglomération. Comme Plaine Commune créée en 2001 par transformation d’une communauté de communes instituée au 1er janvier 2000. Elle est constituée des villes d’Aubervilliers, d’Épinay-sur-Seine, de Pierrefitte-sur-Seine, de Saint-Denis. Le 1er janvier 2003, la communauté d’agglomération est rejointe par Stains et L’Île-Saint-Denis. Le 1er janvier 2005, La Courneuve devient la huitième commune de la communauté. Enfin, le 1er janvier 2013, Saint-Ouen devient la neuvième commune de la communauté. Avec ses 403 833 habitants, Plaine Commune devient la plus importante communauté francilienne.
Le 1er janvier 2010, les villes de Bagnolet, Bobigny, Bondy, Les Lilas, Montreuil, Noisy-le-Sec, Le Pré-Saint-Gervais, Pantin et Romainville se regroupent au sein de la Communauté d’agglomération Est Ensemble.
Les communautés d’agglomération Val de Seine et Arc de Seine ont fusionné le 1er janvier 2010 pour former Grand Paris Seine Ouest. Elle regroupe Boulogne-Billancourt, Sèvres, Issy-les-Moulineaux, Vanves, Meudon, Chaville et Ville-d’Avray.
La communauté d’agglomération Versailles Grand Parc regroupe les communes de Bailly, Bièvres, Bois-d’Arcy, Bougival, Buc, Châteaufort, Fontenay-le-Fleury, Jouy-en-Josas, La Celle-Saint-Cloud, Le Chesnay, Les Loges-en-Josas, Noisy-le-Roi, Rennemoulin, Rocquencourt, Saint-Cyr-l’École, Toussus-le-Noble, Vélizy-Villacoublay, Versailles et Viroflay. ■