Il a fallu peu de temps pour que de nouvelles têtes émergent de cette assemblée hétéroclite composés d’élus venant de tous horizons. Entre la Nupes, le RN, Renaissance (ex-LREM), les LR, le MoDem, les parcours sont divers. Et au lendemain du second tour, les groupes parlementaires se sont formés par affinités et intérêts. Les présidents de groupe ont très vite été désignés pour pouvoir parler d’une seule voix et éviter la cacophonie et la foire d’empoigne.
Au RN, sans surprise, seule candidate, Marine Le Pen a été élue présidente du groupe parlementaire composé de 89 députés pour la plupart néophytes. Premier groupe d’opposition en nombre et hors union, les élus RN visent également d’autres postes. Sébastien Chenu, élu RN du Nord s’est notamment déclaré candidat au perchoir. D’autres postes comme une vice-présidence, la questure ou la très emblématique présidence de la commission des finances sont également dans la ligne de mire des élus RN. A cette dernière place justement, le RN pousse Jean-Philippe Tanguy, élu de la Somme. A 36 ans, ce diplômé de l’Essec et de Sciences Po Paris a « un parcours dans les grandes entreprises » reconnu - il a notamment travaillé auprès de Clara Gaymard à la présidence de General Electric mais aussi chez Hitachi au Japon. Il est présenté comme un connaisseur des questions industrielles et énergétiques.
A la Nupes, chaque mouvement joue naturellement sa partition pour exister en tant que groupe individuel.
Chez EELV, le duo Julien Bayou et Cyrielle Chatelain, a été élu pour diriger le « plus gros groupe écologiste de l’histoire » (23 députés). Un co-présidence de fait et non de droit puisque cela n’existe pas dans le règlement de l’Assemblée nationale. Julien Bayou, 42 ans est l’actuel Secrétaire national d’EELV depuis 2019. Cet ancien militant de droit au logement a été élu député de Paris. En 2021, il avait affronté Valérie Pécresse à la présidence de la région. Cyrielle Chatelain, inconnue du grand public, néodéputée a été élue en Isère face au candidat macroniste sortant, Jean-Charles Colas-Roy. Celle qui s’amuse à dire qu’elle est « presque aussi connue que Julien Bayou » est titulaire d’un master en entrepreneuriat en économie sociale et solidaire et a travaillé dans une fédération d’associations d’insertion par le logement, et à la métropole de Grenoble.
La députée du Val-de-Marne, Sophie Taillé-Polian a été élue vice-présidente en charge de l’intergroupe Nupes. Elle était jusque-là sénatrice du Val-de-Marne, membre de la commission des finances du Sénat et conseillère municipale de Villejuif. Sandra Regol (Bas-Rhin) a été également élue vice-présidente. Depuis décembre 2019, elle occupait les fonctions de secrétaire nationale adjointe d’Europe Ecologie Les Verts. Sabrina Sebaihi (Hauts-de-Seine) et Eva Sas qui a battu à Paris Laetitia Avia sont porte-paroles du groupe. L’ancien député LREM, Aurélien Taché a été désigné trésorier du groupe.
EELV a également choisi de proposer la candidature de Sandrine Rousseau à la vice-présidence de l’Assemblée, et Hubert Julien-Laferrière au secrétariat.
Le patron des 30 députés socialistes est Boris Vallaud. Il remplace Valérie Rabault qui vise pour sa part la présidence de la commission des finances. A 46 ans, le député des Landes a un profil « consensuel et diplomate, ce qui contribuera à mettre de l’huile dans les rouages » explique Olivier Faure, député de Seine-et-Marne et premier secrétaire du Parti socialiste (PS).
Les 61 députés Les Républicains seront dirigés par Olivier Marleix, élu depuis 10 ans de la deuxième circonscription d’Eure-et-Loire. Celui que l’on présente comme un député conservateur est un fin connaisseur des arcanes de l’Assemblée. Il est proche d’Eric Ciotti. En 2021, pour la primaire de la droite, il avait apporté son soutien à Michel Barnier. Au lendemain de la déclaration télévisée d’Emmanuel Macron, Olivier Marleix a immédiatement réagi affirmant que LR ne « signerait pas de chèque en blanc », « de surcroît sur un projet peu clair ».
Côté majorité (relative) présidentielle, les 170 députés Renaissance (ex-LREM) ont élu Aurore Bergé comme leur présidente. Ancienne communicante, née à Paris, diplômée de Sciences-Po, la députée des Yvelines succède à 35 ans à Christophe Castaner, battu dans sa circonscription de Forcalquier. Omniprésente depuis 2017 dans les rangs macronistes, celle qui vient des rangs de la droite – elle a passé quinze ans à l’UMP et a soutenu Nicolas Sarkozy, François Fillon, Valérie Pécresse et Alain Juppé – a rejoint En Marche ! en 2017. Aurore Bergé dit avoir une ligne « libérale, progressiste, féministe et européenne » et laïque. Plus anecdotique, signalons que son père est la « voix » française de Sylvester Stallone.
Centre-droit et ancien giscardien, Jean-Paul Mattei, député réélu dans la 2ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques face à la Nupes a été élu chef de file du groupe MoDem. Il occupera le siège de Patrick Mignola, battu aux législatives. Il était jusque-là vice-président du groupe. Notaire de profession, cet élu du Béarn est présenté comme « sage et roublard à la fois ». Proche de François Bayrou, Jean-Paul Mattei était membre de la commission des finances dans la précédente mandature. A la tête des 48 députés MoDem de l’Assemblée dont un tiers de nouveaux élus, Jean-Pierre Mattei a assuré vouloir « parvenir à trouver des consensus sur des textes majeurs pour faire avancer le pays ».
Horizons, le mouvement d’Edouard Philippe compte 29 élus à l’Assemblée. Ils ont choisi comme président le député Corse Laurent Marcangeli, maire d’Ajaccio. En 2012, cet avocat de formation a été élu à 31 ans sous l’étiquette UMP, plus jeune député de Corse. C’est à cette époque qu’il fait la connaissance d’Edouard Philippe. Dimanche, il a été réélu face à l’élu autonomiste Romain Colonna. « C’est notre devoir, à nous, députés Horizons de créer les conditions d’une grande coalition » a-t-il déclaré à l’issue de l’allocution élyséenne du chef de l’État. Au groupe, il sera aidé par une vice-présidente, l’ex-LREM Naïma-Moutchou, et un porte-parole, Frédéric Valletoux, maire de Fontainebleau. Pour cause de loi sur le non-cumul, à Ajaccio, Laurent Marcangeli qui incarne une tendance de droite face aux autonomistes corses devrait céder son siège à son premier adjoint, Stéphane Sbraggia ainsi que la présidence du groupe de droite unie à l’Assemblée de Corse et de la communauté d’agglomération du pays ajaccien (CAPA).
Au perchoir, la candidate Renaissance, Horizons et MoDem, Yaël Braun-Pivet devrait l’emporter malgré un doute juridique et constitutionnel qui pèse autour de sa candidature et son poste au gouvernement. L’ancienne présidente de la commission des Lois lors de la précédente législature a en effet été nommée ministre aux Outre-Mer dans le gouvernement Borne. Une candidature qui a provoqué la colère des ultramarins s’estimant méprisés par cet abandon de poste. Yaël Braun-Pivet a été réélue député des Yvelines le 19 juin dernier. En décembre 2021 pour la Fondation Jean Jaurès, la présidente de la commission des lois avait rendu un rapport avec 25 propositions pour « renforcer le Parlement ». ■