Pharmacien de profession et élue de terrain, j’ai eu à cœur de rester au contact des patients tout au long de mon parcours politique. Tous les jours, au guichet de ma pharmacie, j’ai pu constater les difficultés rencontrées par les Françaises et les Français en matière d’accès aux soins. Après deux ans de crise sanitaire, et bien que de nombreuses mesures aient été prises lors du précédent quinquennat, force est de constater que notre système fait face à des difficultés structurelles profondes. Il ne se passe pas un jour sans que les responsables politiques ne soient interrogés, voire interpellés, sur les inégalités d’accès à la santé. Devant cette situation qui n’est pas nouvelle, il n’est plus temps de discuter du diagnostic mais bien des solutions concrètes à déployer. Dès ma prise de fonction, j’ai d’ailleurs souhaité recevoir largement les acteurs de la santé (ordres, fédérations, organisations professionnelles, associations d’élus…) et aller au contact des territoires pour m’inspirer de ce qui fonctionne et apporter rapidement des réponses aux problématiques et aux irritants que nous connaissons tous. C’est à partir des territoires, en repartant des besoins, que nous réussirons à rebâtir notre système de santé.
A cet effet, la création de ce ministère aux côtés de François Braun, ministre de la santé et de la prévention, constitue un signal fort du Président de la République et de la Première ministre, et démontre la volonté du Gouvernement d’apporter des réponses aux problématiques rencontrées par les professionnels de santé et nos concitoyens. Ma feuille de route s’inscrit dans le cadre des politiques prioritaires du gouvernement autour de plusieurs axes majeurs.
D’abord, l’accès de tous à la santé, notamment dans les territoires les plus fragilisés. Dans ce cadre, j’aurai vocation à travailler sur la transformation des organisations et des modes de prise en charge à travers divers axes tels que la généralisation des organisations de soins pluri-professionnelles, le développement du partage de tâches et de compétences entre les professionnels de santé ou encore le déploiement de dispositifs visant à accroître le temps soignant disponible (assistants médicaux, stages professionnalisant, …)
Ensuite, je m’attacherai à améliorer les conditions de travail et la santé des professionnels de santé, notamment en allant plus loin en matière de lutte contre les violences envers les soignants. Il s’agit d’un enjeu clé sur lequel j’aurai une vigilance toute particulière. En parallèle, afin de préparer l’avenir de notre système de santé et mieux anticiper les besoins, je travaillerai sur les problématiques de démographie de chaque profession de santé à l’horizon 2030 et 2050.
Au sortir d’une crise sanitaire inédite, en soutien de l’ambition que nous portons conjointement avec François Braun pour développer la prévention et la maîtrise des risques en santé, je piloterai nos actions en matière de santé environnementale, de santé alimentaire et de nutrition. Par ailleurs, dans l’optique d’améliorer la soutenabilité financière et la confiance dans notre système de santé, je m’attacherai à développer une politique ambitieuse en matière de lutte contre la fraude à l’assurance maladie.
Enfin, j’aurai l’honneur de conduire plusieurs autres chantiers structurels autour d’enjeux majeurs de société tels que la santé des femmes, le déploiement de la loi bioéthique ou encore la concertation sur la fin de vie. Sur ce sujet sensible, touchant à l’intime, nous travaillerons conjointement avec Olivier Véran, ministre délégué chargé du renouveau démocratique et porte-parole du Gouvernement.
Pour relever l’ensemble de ces défis, mon éthique de travail reste la co-construction. Tel que souhaité par le président de la République il s’agit de faire travailler ensemble tous les acteurs autour de problématiques qui nous concernent tous. C’est dans cette optique que nous avons lancé au Mans le volet santé du Conseil National de la Refondation. Cette vaste démarche de concertation vise à construire avec l’ensemble des parties-prenantes, locales et nationales, la santé de demain dans une logique de confiance, de coopération et de subsidiarité. Garantir à chaque Français d’avoir un médecin traitant, lutter contre les inégalités de santé, renforcer l’attractivité des métiers de santé ou encore ancrer dans le quotidien des Français la prévention : voici les enjeux auxquels nous devrons apporter une réponse. Pour ce faire, le CNR Santé se déclinera partout en France et permettra aux élus, aux usagers, aux représentants des établissements privés ou publics, et bien sûr aux professionnels de santé de prendre part au débat. Face au chantier qui nous attend, je suis convaincue que c’est dans nos territoires que réside une partie de la solution. Vous l’aurez compris cette responsabilité est collective et je sais qu’ensemble nous traverserons cette période charnière pour notre système de santé et réussirons à relever les défis qui sont devant nous. ■
L’ensemble des ordres des professions de santé ont remis leur position commune aux ministres François Braun et Agnès Firmin Le Bodo pour répondre aux problématiques d’accès à la santé dans les territoires
Rassemblés au sein du Comité de Liaison Inter Ordres (CLIO), les sept ordres des professions de santé avaient été invités par François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, et Mme Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé, à formuler des propositions pour répondre aux attentes fortes des Français en matière d’accès à la santé alors que près de 7 millions de nos concitoyens n’ont pas de médecin traitant, dont 600 000 en affection longue durée.
Face à cette situation d’urgence, cet accord apporte des solutions concrètes visant à libérer du temps médical et répondre aux besoins des Français dans tous les territoires grâce au développement de l’interprofessionnalité.
Ainsi, à travers leurs propositions, les membres du CLIO proposent de :
• Améliorer l’accès au médecin traitant en développant le partage d’actes et d’activités entre médecins et autres professionnels de santé et accélérer la mise en œuvre des mesures existantes en faveur de l’élargissement des missions des professionnels de santé, des transferts d’activités et assurer la mise en cohérence de la réglementation ;
• Dans les territoires où la démographie médicale est particulièrement insuffisante et où le patient ne peut recourir en première intention à un médecin traitant, confier une mission d’orientation et de prise en charge de première intention aux autres professionnels de santé du territoire, dans une logique de confiance et de travail coordonné, en organisant avec les autres acteurs du territoire l’orientation vers un médecin traitant ou vers un service d’accès aux soins (SAS) ;
• Améliorer la lisibilité du système de santé pour les Français, au travers d’une organisation dédiée et partagée entre les professionnels de santé et la population ;
• Valoriser les compétences des professions de santé au travers des dispositifs de formation et garantir une démographie des professionnels de santé cohérente avec les besoins de la population.
Dans les prochaines semaines, l’Etat et l’Assurance maladie travailleront en collaboration avec les ordres pour accompagner et traduire en actes concrets ces évolutions.