France-russie
En cette période de guerre russo-ukrainienne, il n’est jamais aisé d’écrire sur la Russie. Il faut un certain courage et surtout une réelle connaissance de son sujet pour se lancer dans cette aventure périlleuse. Sans peur du goulag ni des oukazes, l’historien Daniel de Montplaisir, conseiller honoraire de l’Assemblée nationale a osé en se lançant dans l’écriture de cette belle et grande histoire qui est celle des relations franco-russes à travers les siècles, d’Anne de Kiev à Vladimir Poutine. Mille ans d’histoire franco-russe qui révèlent que ces deux pays « ont presque toujours intérêt à s’allier et si souvent tant de mal à se comprendre ». ■
France-Russie - La grande histoire - Daniel de Montplaisir - Mareuil éditions - 387 pages
Aimer
Ségolène Royal est une femme libre à la langue bien pendue. Jamais elle ne renoncera à sa liberté de parole comme lorsqu’elle s’interroge sur la guerre en Ukraine ou lorsqu’elle soutient Jean-Luc Mélenchon à la présidentielle. Trente ans de vie politique n’ont pas épuisé Ségolène Royal. Bien au contraire. Mais dans son dernier livre « Refusez la cruauté du monde » !, l’ancienne ministre ne peut que déplorer le « délitement de notre société ». Un triste constat fait à la suite de la période de confinement qui a vu « l’action politique » prendre « le visage cruel d’un appareil de décision sans pitié, restreignant les libertés et réprimant la culture considérée comme « bien non essentiel », sans débat et en multipliant les abus de pouvoir ». Elle s’en prend aussi à l’effondrement des repères, aux méthodes de gouvernance (suivez son regard…), à l’inaction climatique, à la mondialisation financière ou à la réforme des retraites... Dans ce livre, il y a autant de pages que de saillies. Comme remède à tous ces maux, « la politique doit emprunter à l’amour comme barrage à la cruauté » suggère alors Ségolène Royal qui dit avoir réfléchi « à tout ce que la politique doit à l’amour, et à tout ce qu’elle pourrait lui apporter en retour, en force de réparation et en élévation des consciences » (sic.) ■
Refusez la cruauté du monde ! le temps d’aimer est venu - Ségolène Royal - Editions du Rocher - 160 pages
Évasion
Un mur droit, un mur froid. Le Mur de Berlin est tombé il y a près de 34 ans. Combien se souviennent encore de cette cicatrice coupant une ville (et un peu plus) en deux camps, celui de la liberté et celui de l’oppression et de la terreur. Le livre « Tunnel 29 » nous remet en mémoire une époque révolue. Il raconte l’histoire vraie d’une extraordinaire évasion. Ou comment à l’été 1962, un groupe d’étudiants a réussi, après maintes péripéties (effondrement, inondation, trahison, …) à creuser, au nez et à la barbe des Vopos armés, un tunnel de 135 mètres de long entre Berlin Ouest et Berlin Est. Le tunnel permettra l’évasion de plus d’une vingtaine de « prisonniers » qui « rêvaient d’aller un jour respirer le parfum de la liberté ». S’appuyant sur des heures d’entretiens avec des survivants et des milliers de pages d’archives de la Stasi, la journaliste Helena Merriman nous fait vivre un récit haletant et captivant. A lire absolument pour ne pas oublier non plus ceux qui n’ont pas réussi à s’évader. « Ich bin ein Berliner ». ■
Tunnel 29 - Helena Merriman - Editions Stock - 416 pages
Deambulations
Des rues de Paris aux forêts de Sologne en passant par les métropoles aux quatre coins du monde, Patrick Tudoret a beaucoup marché sans jamais cesser d’observer les lieux traversés et les hommes qui les arpentent. Et si la marche n’est pas toujours utilitaire, elle a cela de bon (entre autres) qu’elle permet de réfléchir à tout un tas de choses. Ce vagabondage philosophique est l’objet de ce livre. A travers des souvenirs personnels, des évocations de lectures marquantes ou des questionnements sur le sens de l’existence, Patrick Tudoret incite le lecteur à s’interroger sur la liberté, la nature, la foi ou encore le néant. En résumé : Lisez ! Marchez ! Vivez ! ■
En marchant - Petite rhétorique itinérante - Patrick Tudoret - Tallandier - 256 pages
Comedie princière
“A la loterie monarchique, s’il y a peu d’élus, les appelés sont légion. Car nombreux sont les princes taraudés par l’ambition de régner : les aînés pour confirmer leurs droits, les cadets pour imposer leurs talents et les dynastes les plus chevronnés pour barrer la route aux parvenus” écrit Pascal Dayez-Burgeon. Dans « Chasseurs de trône », l’auteur nous dresse le portrait d’une soixantaine de candidats au trône. Certains sont connus d’autres moins : Louis-Philippe, Napoléon III, Maximilien du Mexique, Pu Yi, dernier empereur de Chine, Othon de Bavière, Antoine de Tounens, Pierre du Brésil, Victor-Emmanuel III, Faycal d’Irak, … Fils de, généraux ambitieux ou aventuriers patentés, beaucoup ont tenté leur chance, peu ont réussi. Au-delà de ces portraits, c’est aussi l’histoire d’un monde révolu qui a pourtant longtemps été la norme. ■
Chasseurs de trône – Une seule obsession : Régner - De Napoléon à ibn Saoud - Pascal Dayez-Burgeon -Tallandier - 337 pages
Z
Premier responsable du RN à avoir rejoint Eric Zemmour lors de la campagne pour l’élection présidentielle, Jérôme Rivière dévoile le dessous de cette compétition inédite et fratricide entre Marine le Pen et l’ancien journaliste. L’eurodéputé décrit de l’intérieur ses joies, ses attentes et surtout sa déception ressenties lors de cette bataille politique. Très sûr de lui, l’homme politique dépeint l’entourage du candidat (Pelletier, Knafo, …) et déplore les options politiques d’Eric Zemmour. Un témoignage très critique qui, hasard du calendrier (?) est intervenu la veille de la parution du livre de son ex-mentor. Ben voyons. ■
Zemmour ? Ben voyons ! Jérôme Rivière – Editions du Rocher – 200 pages
Cazeneuve et mauriac
« C’est sans doute comme témoin de son temps, appliqué à l’écriture exigeante de son Bloc-Notes, qu’il exprima le mieux le goût qu’il avait de la vérité. C’est avec ce Mauriac-là, plus qu’avec l’écrivain tourmenté dont la vie était très éloignée de la mienne, que je devais me sentir le plus en harmonie, non parce qu’il était de gauche - car je n’ai jamais pensé qu’à aucun moment il le fut -, mais parce qu’il se méfiait de l’air du temps et des meutes constituées, dont il percevait mieux que quiconque la propension à la violence » écrit l’ancien Premier ministre socialiste Bernard Cazeneuve. Issu d’une famille républicaine, laïque et déracinée ayant quitté l’Algérie au début des années soixante, Bernard Cazeneuve s’est tôt lancé dans la quête de ses racines, qui l’a conduit à s’intéresser aux romans de Mauriac, issu de la bourgeoisie catholique girondine. Mais autant que l’auteur du Noeud de vipères et de Thérèse Desqueyroux, c’est celui du Bloc-Notes qu’il met en avant ici - celui qui brossa le portrait de De Gaulle, Mendès France ou Mitterrand, et qui fut de toutes les grandes batailles politiques du siècle dernier, dans une recherche inlassable de justice et de vérité. Ce bref opus où Bernard Cazeneuve raconte tout à la fois sa découverte de la littérature et la naissance de sa vocation politique, donne à voir la rencontre de deux êtres engagés. ■
Ma vie avec François Mauriac - Bernard Cazeneuve – Gallimard – 113 pages