Si nous devons nous réjouir de voir que la France est la première destination mondiale touristique, il faut aussi avoir à l’esprit que 80 % de l’activité touristique se concentre sur 20 % seulement de notre territoire. « Des pics de fréquentation sont donc rapidement atteints sur certains territoires » fait alors remarquer Olivia Grégoire, la ministre déléguée en charge du tourisme venue présenter un plan visant à contrôler les flux touristiques co-construit avec les acteurs du tourisme et le réseau des Grands sites de France. « C’est à l’État, main dans la main avec les territoires, avec les sites touristiques, de mettre en place des méthodes pour informer les touristes et les habitants, ou encore d’accompagner les communes dans les mesures de gestion des flux » a ainsi expliqué Olivia Grégoire dans un entretien au journal Le Figaro.
Le constat est simple : la surfréquentation de lieux touristiques a non seulement des impacts sur l’environnement (artificialisation des espaces naturels, impact sur la qualité de l’air, engorgement des systèmes de traitement des déchets, menaces sur la biodiversité, etc.), mais également sur la vie quotidienne de la population locale (hausse des prix de l’immobilier, problème de stationnement, fermeture des commerces de la vie quotidienne au profit de commerces tournés vers l’activité touristique, etc.) ou encore sur la qualité de l’expérience de la clientèle touristique (difficultés à accéder aux sites touristiques / à stationner, etc.). « Il s’agit donc de faire en sorte que le tourisme soit acceptable pour les populations locales, que l’expérience touristique soit améliorée, et que les mesures prises en matière de gestion des flux au niveau local soient acceptées par la clientèle touristique » explique Olivia Grégoire.
Mais pour mieux réguler, il faut d’abord mieux connaître. Or, paradoxalement, la France manque de données fiables sur les flux touristiques et les pics d’affluence. En partenariat avec Atout France, une plateforme numérique de partage des ressources sera ainsi lancée au premier semestre 2024. Dédiée à la gestion des flux touristiques, cette plateforme permettra aux acteurs du tourisme de trouver « facilement » la documentation recherchée et de la veille (guides, fiches pratiques, benchmarks internationaux, formations, témoignages, règlementation applicables, orientation vers les dispositifs d’accompagnement, contacts des référents dans le cadre du Réseau des ambassadeurs, mise à disposition du kit de communication, etc). Elle constituera « un lieu d’échange sur des bonnes pratiques mises en place par des collectivités territoriales et des gestionnaires de site qui pourront, le cas échéant, déboucher sur des partenariats » précise le ministère. L’exécutif entend mettre également à disposition des acteurs du tourisme un guide pratique relatif à la gestion des flux sous format numérique. Il sera rédigé par un groupe de travail constitué d’acteurs d’horizons variés (institutionnels, chercheurs, fédérations professionnelles). Le guide est annoncé pour fin 2023. « Il apportera une définition partagée des notions de « surtourisme », « surfréquentation » et « pics de fréquentation » pour permettre une appréhension et compréhension communes de ces phénomènes et orientera les utilisateurs vers les bons interlocuteurs et bonnes pratiques via différentes entrées : « je suis élu local » ; « je suis touriste » ; « je suis acteur économique », etc » précise Olivia Grégoire.
Le plan propose ensuite la création d’un observatoire national des sites touristiques majeurs. Il permettra d’analyser l’évolution de la fréquentation sur un échantillon de sites très fréquentés. Les indicateurs mis en place contribueront au futur Tableau de bord du tourisme durable et seront pleinement intégrés au Data Hub « France Tourisme Observation ».
Pour mieux réguler, il faut aussi mieux comprendre. L’objectif est de sensibiliser la clientèle touristique étrangère comme française aux enjeux d’une meilleure répartition des flux et des pratiques touristiques et encourager un tourisme des « quatre saisons » mieux réparti sur tous les territoires. Pour cela Atout France lancera des actions de communication à destination des clientèles touristiques, en complément des actions de promotion d’un tourisme durable en France déjà déployées qui seront renforcées. Un travail avec les influenceurs, présents sur les réseaux sociaux et spécialisés dans la promotion de voyages, sera également lancé sur les conséquences de leur communication en termes de surfréquentation touristique. « Les influenceurs pourront également participer à la sensibilisation de la clientèle touristique aux impacts de ce phénomène » ajoute le dossier de presse du ministère.
Enfin et parce que la surfréquentation touristique ressentie peut conduire à des phénomènes de « rejet » du tourisme et/ou des touristes par les populations locales ou d’opposition à des projets d’infrastructures touristiques, le ministère souhaite la mise en place de dispositifs intégrant la population locale dans la vie touristique permettra de rendre le tourisme plus acceptable pour les habitants. Le plan imagine alors de développer et valoriser des actions impliquant la population locale à la vie touristique de proximité, telles que la création de lieux communs dits « tiers-lieux », l’accès facilité de la population à des sites touristiques, l’organisation d’évènements, la création de questionnaires sondant la population locale avant la période estivale, ou encore l’organisation de portes ouvertes / ateliers notamment au sein des offices de tourisme.
« Avec ce plan, notre ambition est très claire : nous voulons renforcer l’acceptabilité des flux touristiques pour les habitants locaux et permettre à ceux qui découvrent les richesses de notre pays de bénéficier d’une meilleure expérience de visite. Ce plan devrait enfin permettre, par ricochet, de faire découvrir des sites plus méconnus de notre patrimoine culturel et d’inciter des touristes à découvrir des lieux plus confidentiels mais tout aussi chargés d’histoire » a conclu Olivia Grégoire. ■
80 % de l’activité touristique se concentre sur 20 % seulement de notre territoire
Alors que les tensions inflationnistes se poursuivent en France et dans le monde, 73 % des Français expriment l’envie de partir cet été, dont 73 % envisagent un départ en France, selon une enquête menée par Atout France, ADN Tourisme. 59 % des Français qui envisagent de partir prévoient un long séjour, avec une durée moyenne de séjour de 11 jours. « Les vacances sont sacralisées par les Français » ; ils « partiront peut-être moins loin, peut-être moins longtemps, mais ils partiront » a indiqué Olivia Grégoire, la ministre déléguée en charge du tourisme.
Pour les touristes étrangers, sur le début de l’année 2023, les recettes internationales perçues progressent de 21 % par rapport à 2019, un dynamisme porté par les clientèles américaines (+75 %) qui viennent remplacer les touristes chinois et russes, et le retour en force des Britanniques (+50 %).
Septembre s’annonce également prometteur avec la coupe du monde de Rugby.