Rose Marine
“Depuis l’outing de Florian Philippot, numéro 2 du Front national et l’arrivée de Sébatien Chenu, ex-UMP fondateur de Gay Lib, Marine Le Pen est considérée par ses détracteurs d’extrême droite comme "Dalida du FN"” affirme dans son livre la journaliste Marie-Pierre Bourgeois. Loin d’être anecdotique, cette question de l’homosexualité au FN est au contraire sensible, porteuse pourtant d’enjeux politiques et électoraux importants. La journaliste s’interroge sur l’existence ou non d’un « lobby gay » au Front national comme semble le croire son fondateur Jean-Marie Le Pen et une poignée de fidèles qui pensent que la complicité affichée de Florian Philippot et de Marine Le Pen expliquerait la positon ambiguë du Front national sur le mariage pour tous. Le livre montre encore que le parti d’extrême droite s’est toujours montré ouvert aux homosexuels de plus en plus nombreux à adhérer parce qu’inquiets, nous explique-t-elle de la montée de l’islam radical. La question qui se pose alors est celle de la coexistence de ces nouveaux adhérents avec les anciens, souvent issus de la mouvance identitaire et opposés par principe au mariage pour tous. La ligne « traditionaliste » de Marion Maréchal le Pen pourra-t-elle dans les années à venir cohabiter avec la ligne « moderniste » de Marine Le Pen ? ■
Rose Marine – Enquête sur le FN et l’homosexualité – Marie-Pierre Bourgeois – Editions du Moment – 219 pages
La guerre par ceux qui la font
Ils sont pilotes de combat, officiers des forces spéciales ou commandants de sous-marin nucléaire. Ils sont Français, Allemand, Britannique ou Italien. Depuis vingt ans, ils ont été engagés en opérations extérieures en Afrique, en Afghanistan, dans les Balkans ou en Irak à la tête de régiments de légion étrangère, de parachutistes, d’artillerie ou de logistique ; ils ont commandé les frégates les plus modernes au large de la Libye et de la Syrie ou survolé des territoires de guerre en Asie, en Afrique et en Europe à bord d’avions de guerre électronique. Durant ces opérations, ils ont connu la réalité de la guerre et constaté son évolution. Ils ont mesuré la fragilité de la paix et la montée des violences. Ils ont choisi de prendre le temps de réfléchir à leur métier, pour éclairer les évolutions toujours incertaines de la scène stratégique et analyser les défis de demain. Dans cet ouvrage instructif, ils livrent leurs réflexions leurs interrogations, leurs convictions sur les guerres d’aujourd’hui et sur celles de demain. A toutes leurs interrogations les réponses proposées « dessinent un monde incertain, mais sur lequel nous pourrons agir dès lors que nous ferons l’effort de le penser » ■
La Guerre par ceux qui la font - Stratégie et incertitude au XXIème siècle – Sous la direction du général Benoît Durieux – Editions du Rocher – 366 pages
Sarkozy, Dieu et diverses autres choses
Très récemment, Nicolas Sarkozy était reçu en audience privée par le Pape François. Aucune photo n’a filtré de cet entretien, ce que de nombreux vaticanistes ont interprété comme une déviance du Vatican à l’égard de l’ancien président. Reste qu’en dépit de nombreux incidents de parcours, on ne peut nier cet engagement « hors norme » comme le qualifie Samuel Pruvot, rédacteur en chef au quotidien Famille Chrétienne, de Nicolas Sarkozy sur le terrain des religions. Nicolas Sarkozy et la religion, tout un poème pourrait-on ajouter. Au-delà de son éducation chrétienne, son implication auprès des paroisses de Neuilly, son amitié avec le monde juif, la création du Conseil français du culte musulman, son rendez-vous raté avec l’Église catholique sont autant de témoignages de cet engagement. Grâce aux confidences de ses proches - de Cécilia Attias au cardinal Barbarin, en passant par Brice Hortefeux, Henri Guaino ou Alain Bauer -, l’auteur a mené une vaste enquête auprès d’une cinquantaine de témoins, ceux du premier cercle. Il a également rencontré en tête-à-tête l’ancien président pour l’interroger sur sa spiritualité et son positionnement face à la laïcité. Tout ceci nous donne un portrait unique de l’homme, pas seulement du politique. ■
Le mystère Sarkozy - Les religions, les valeurs et les femmes - Samuel Pruvot – Editions du Rocher -184 pages
Bis repetita
Indécrottable. Thomas Thévenoud a à nouveau succombé, non pas à son pêché mignon mais à sa phobie administrative. Alors que le député de Saône-et-Loire était en pleine promotion de son livre, un article du Canard enchaîné révélait (très opportunément, reconnaissons-le) qu’il n’avait pas réglé la cantine de ses filles, une addition à quelque 1500 euros. Dommage. Dans son livre « Une phobie française » l’éphémère Secrétaire d’Etat au Commerce extérieur relate une vie entière dédiée à la politique, son ascension et sa chute brutale. Une histoire, on l’on croise beaucoup de monde, émaillée de nombreuses anecdotes, plus ou moins intéressantes. On retiendra notamment le fait que ses déboires fiscaux étaient connus jusqu’au sommet de l’Etat, bien avant qu’il n’entre au gouvernement affirme-t-il. Et comme la meilleure défense, c’est l’attaque Thomas Thévenoud balance aussi sur des collègues parlementaires. « A l’Assemblée, écrit-il, certains m’en veulent d’avoir été le révélateur de leurs turpitudes » les obligeant, selon lui « à aller voir leur percepteur, régulariser leur situation en urgence ». Aujourd’hui, le député qui a d’ores-et-déjà annoncé qu’il se représentait en 2017, avoue vivre encore « dans la peur ». ■
Une phobie française - Thomas Thévenoud - Grasset - 336 pages
Vaccins
Dans le milieu médical et journalistique, le Pr Joyeux n’a pas bonne presse. Enfin, pour être plus précis, dans un certain milieu. Il lui est reproché de se montrer réservé sur la nécessité et sur l’efficacité de quelques vaccins. Mais contrairement à la rumeur colportée, il n’est absolument pas opposé à la vaccination. A ses détracteurs, le professeur répond simplement « les vaccins pour tous : non ! ». Du bon sens mal interprété. Les récentes polémiques à propos de la vaccination généralisée contre la grippe, celles des filles et des garçons de 9 ans contre les papillomavirus (responsables des cancers du col de l’utérus et ORL), la disparition du classique DT-Polio au profit d’un vaccin à valences multiples sept fois plus cher interpellent pourtant celui qui va un peu plus au fond du sujet. C’est tout l’intérêt de ce livre. Le Pr Joyeux veut ici aider les familles à s’y retrouver dans la jungle des multiples vaccins proposés, entretenues par les puissants intérêts des laboratoires pharmaceutiques internationaux, par des politiques pas assez avertis et « par des médecins hyperspécialisés qui veulent imposer leurs vues ». Le Pr Joyeux le dit, le redit et l’écrit, « la vaccination est un acte médical à revaloriser, qui n’est pas sans danger à court, moyen et long terme chez les personnes en bonne santé ». Voilà un livre qui nous aide à mieux discerner les enjeux sous-jacents et surtout à choisir le meilleur pour ses enfants, « les uns ont vraiment besoin d’être vaccinés contre certaines maladies infectieuses, les autres ont seulement besoin du minimum obligatoire : le DTP, sans adjuvant ». Et puis, ce livre est aussi une ode au lait maternel, « meilleur vaccin du nouveau-né ». ■
Vaccins – Comment s’y retrouver ? Pr. Henri Joyeux – Préface du Pr Jean-Bernard Fourtillan – Editions du Rocher – 272 pages
Parole de médias
“Les journalistes se présentent volontiers comme des adeptes du décryptage”. Mais est-il autorisé de « décrypter » leurs discours se demande faussement naïve Ingrid Riocreux dans son ouvrage consacré à la Langue des médias. La réponse que l’on imagine négative n’a pas empêché cette agrégée de lettres de réaliser ici une étude très fine de la langue des journalistes français actuels et de son impact sur notre façon de comprendre le monde, avec des exemples très concrets, vivants où chacun retrouvera les radios, TV ou journaux qu’il consulte. Et le réquisitoire est sévère. L’auteur démontre et démonte le phrasé du journaliste qui « reproduit les formules de ses confrères, reprend sans réflexion leurs mots, adopte par mimétisme grégaire leur parlure ». « Il ne cesse de reproduire des tournures de phrases et de répéter des termes qui impliquent un jugement sur les événements » dénonce-t-elle. « Non seulement sa langue reflète le délitement actuel de la parole, mais elle cristallise aussi le paradigme de pensée de notre société : les mots du journaliste sont porteurs de tous les préjugés de notre temps, de toutes ces vérités tenues pour évidentes quoique jamais démontrées, d’une répartition arbitraire entre les bons et les méchants, d’une hiérarchisation morale des régimes politiques, d’une vision préconçue du sens de l’histoire, etc. ». Décapant. Peut-être un peu exagéré mais le plus souvent vrai. ■
La langue des médias Destruction du langage et fabrication du conditionnement – Ingrid Riocreux – Editions de l’Artilleur – 320 pages