Le bouillonnant candidat à l’élection américaine est devenu un président élu plus calme et mesuré. On est aujourd’hui assez loin des propos violents de la campagne. « N’ayez pas peur » a lancé Donald Trump à ces compatriotes hostiles lors d’une interview à la chaîne CBS le 10 novembre dernier. A chacune de ses interventions, le président élu n’a eu de cesse de rassurer les Américains tout en donnant certains gages à ses supporteurs. On se souvient que lors de la campagne, Donald Trump s’était attaqué au président Barack Obama. Un président qu’il a rencontré au lendemain de son élection pour préparer la passation de pouvoir le 20 janvier prochain. A l’issue de cette rencontre à la Maison Blanche, Donald Trump n’a pas hésité à parler de Barack Obama comme d’un « homme bien avec lequel il a eu un excellent entretien ». Même flatterie pour Bill et Hillary Clinton. « Cela a dû être difficile pour elle. C’est une femme très forte et très intelligente ». Pourtant, n’avait-il pas promis de « mettre en prison » celle qui fut son adversaire ? Au Wall street Journal qui l’interrogeait sur le sujet, il a répondu « avoir beaucoup réfléchi » sur la question mais qu’il « voulait avant tout régler les problèmes de l’assurance-maladie, de l’emploi, du contrôle des frontières et de la réforme fiscale ». Quelques jours plus tard, sa porte-parole annonçait que le président élu renonçait à la poursuivre.
L’Obamacare pourrait ne pas être entièrement abrogée
Donald Trump a encore mis de l’eau dans son vin sur l’Obamacare, la réforme de l’assurance-maladie mise en œuvre par l’ancien président. Alors qu’il avait promis de l’abroger, le président élu a semble-t-il consenti à en conserver quelques mesures qu’il « aime beaucoup » et que le président Obama lui a signalé comme l’obligation pour les compagnies d’assurer les patients ayant des maladies chroniques et la possibilité pour les jeunes de rester assurés par leurs parents jusqu’à leurs 26 ans. Même chose pour le texte Dodd-Frank qui était venu durcir la régulation financière après la crise de 2008-2009 qui pourrait être « allégé » pour que les banques « se remettent à prêter ». Sur ces deux points, il n’en était même plus question dans la courte vidéo-programme postée sur son compte twitter. Même chose sur le mur anti-immigration entre les Etats-Unis et le Mexique. Disparu.
Sur la politique internationale du nouveau président, dont on ne sait pas grand-chose, Donald Trump a pourtant laissé filtrer quelques brides d’informations aux journalistes du New-York Times, lors de sa deuxième grande interview. Sur le conflit syrien, le président élu a assuré avoir « une perspective différente de tout el monde » sans en dire plus. L’accord sur le nucléaire iranien ? Lui qui était fermement opposé à cet accord n’en parle plus. Il a, à l’inverse, assuré qu’il reviendrait sur le Traité de Partenariat Transatlantique (TPP), projet négocié depuis plus de sept ans entre les Etats-Unis et une douzaine de pays sur trois continents, dont l’Australie, le Canada, le Japon, le Pérou, et le Mexique. Le même sort risque d’être réservé au TIPP, accord en négociation entre les Etats-Unis et l’Union européenne.
Donald Trump qui, tout le long de sa campagne, s’est présenté comme un climato-sceptique convaincu semble aujourd’hui vouloir faire quelques concessions sur le sujet. L’Accord de Paris ? « je regarde ça de très près. Je reste ouvert sur cette question » a-t-il admis peu de temps après avoir cependant annoncé, comme il l’avait promis, qu’il annulerait les restrictions sur le charbon et le gaz de schiste.
Attendu au tournant sur ses positions anti-mariage homosexuel, le président élu a fait amende honorable en indiquant que la Cour suprême avait tranché sur le sujet : « c’est la loi […] cela me convient » a-t-il dit. Donald Trump, après en avoir discuté longuement avec le général à la retraite James Mattis, a également renoncé à l’utilisation de la torture qu’il avait pourtant promis de rétablir.
Mais la priorité de Donald Trump aujourd’hui est bien la formation de son cabinet et la mise en ordre d’une nouvelle administration, 4000 postes sont à pourvoir pour remplacer l’ancienne administration Obama.
Et en matière de nominations, la part belle est faite aux Républicains et aux proches du président élu. On trouve à la présidence de son cabinet de transition, son colistier Mike Pence qui est épaulé par trois membres de la famille Trump : sa fille Ivanka et ses fils Donald Trump junior et Eric qui siègent au comité exécutif. Les rumeurs font état également d’un poste de conseiller officieux et peut être même officiel de Ivanka à la Maison-Blanche.
4000 postes à pourvoir dans la nouvelle administration
Quant au gendre du président, Jared Kushner, très actif pendant la campagne, son nom est souvent cité pour être conseiller du président. Plusieurs fidèles du Donald Trump vont occuper des postes importants au sein de la nouvelle administration. Le sénateur de l’Alabama, Jeff Sessions est le nouvel Attorney général. Le général de réserve Michael Flynn a été choisi pour être Conseiller à la Sécurité nationale. Mike Pompeo est nommé Directeur de la CIA. Le président du parti républicain, Reince Priebus, personnage fort de cette campagne, a été promu au poste de Secrétaire général de la Maison-Blanche. Steve Bannon, autre personnage emblématique et décrié pour ses accointances avec des mouvances d’extrême droite a été nommé au poste de « stratège en chef » et « conseiller spécial du président ». La première femme nommée par Donald Trump a un poste clé est Nikki Haley, nouvelle Ambassadrice aux Nations unies : Etoile montante du parti républicain, cette fille d’immigrants originaires d’Inde était jusque-là gouverneur de Caroline du Sud, la plus juene gouverneur du pays. Autre femme, Betsy DeVos qui occupera le fauteuil de Secrétaire à l’Éducation. Cette fortunée philanthrope conservatrice de 58 ans est une militante acharnée du libre choix entre école publique, privée ou enseignement à la maison. Elle devra « réformer le système scolaire américain » a indiqué Donald Trump.
Steven Mnuchin, 53 ans, sera le prochain secrétaire au Trésor américain. Inconnu du grand public, cet ancien donateur du Parti démocrate est un ancien dirigeant de Goldman Sachs. En avril dernier, il était devenu le directeur financier de la campagne de Donald Trump.
Le président élu a nommé Wilbur Ross comme ministre du Commerce. Cet ancien conseiller de l’ex-maire de New-York Rudy Giuliani, il a longtemps travaillé pour la banque Rothschild avant de se spécialiser dans le redressement des entreprises en difficultés.
Enfin, Donald Trump, a annoncé qu’il nommerait à la Cour suprême des juges anti-avortement et favorables au port d’armes. « Voilà ce qui va se passer, je suis pro-life et les juges seront pro-life » a déclaré le président élu sur CBS et « ils vont être très favorables au deuxième amendement » de la Constitution qui fait de la détention d’armes un droit pour chaque Américain. ■