En 1950, 25 millions de touristes voyageaient à travers la planète ; aujourd’hui il y en a 1 milliard. Et en 2030, dans une douzaine d’années, ce seront presque 2 milliards d’humains qui choisiront de partir en vacances ! Quelle place pour la France dans ce monde en mutation ?
Penser l’avenir devient incontournable, comme réfléchir à l’attractivité future de la France. Notre mission est de soutenir le tourisme d’aujourd’hui et préparer celui de demain. Notre objectif est ambitieux : dépasser les 100 millions de touristes avant 2020. Et après ?
Une volonté politique
À ce défi extraordinaire, l’exécutif a décidé de réagir avec force. Le Conseil interministériel du Tourisme a été créé en juillet dernier. Il a pour mission de porter la politique touristique du gouvernement jusqu’à l’été 2020. Les avancées décidées sont déjà importantes : réduction du délai de délivrance des visas, plan d’investissement, contrats d’apprentissages, investissements ou encore promotion du tourisme et de la marque France.
Mais au-delà de ce que fait le Gouvernement, 55 députés de l’Assemblée nationale, issus de sensibilité politiques différentes, ont décidé de se saisir de cette thématique. Rassemblés au sein du Groupe d’études : valorisation des activités touristiques, que j’ai l’honneur de co-présider après avoir impulsé sa création, ces parlementaires travaillent pour soutenir l’activité touristique en France et dans nos territoires d’Outre-mer.
Nous avons défini notre mission autour de trois grands axes :
• PROMOUVOIR efficacement la destination France.
• SIMPLIFIER l’environnement normatif et économique qui pèse sur les professionnels
• RASSURER les visiteurs potentiels sur leur sécurité et celles des sites touristiques.
Nous avons déjà débuté une série de rencontres et d’auditions qui visent à nous mettre en relation avec l’ensemble des acteurs essentiels du tourisme, qui ont l’expérience, la compétence et les moyens. Ils doivent être tous entendus : ils sont la pierre angulaire de notre projet de transformation. Car au delà des postures politiques ou idéologiques, il est primordial d’entendre ce que les professionnels ont à nous dire, à nous proposer car eux sont déjà sur ce développement de demain. Ils constituent le socle de la réflexion à mener.
Synthèse du terrain
Les professionnels connaissent parfaitement les thématiques du tourisme. Pouvons-nous aujourd’hui nous passer de leurs observations et de leur vision générale de cette activité capitale qu’est le tourisme ? Le travail collectif et la mobilisation de tout un chacun reste l’une des conditions du succès de ce Groupe d’études. Il est primordial de transcrire dans la loi et d’adapter les demandes de nos professionnels. Il est nécessaire de leur redonner des marges de manœuvre pour former, embaucher, innover et investir, pour exprimer leurs compétences et leurs savoir-faire reconnus dans le monde entier. C’est à ce prix que la France pourra conserver dans l’avenir sa très grande qualité dans son accueil touristique.
Les professionnels veulent avant toute chose un tourisme dynamique et attractif, une France en croissance, qui crée de l’emploi, de l’activité et des richesses. Il est de notre devoir de leur fournir les outils pour lutter dans la mondialisation qui touche de plein fouet l’activité touristique. Aussi bien dans les secteurs de l’hébergement, de la restauration, des transports ou encore des loisirs, à la mer, à la montagne, dans la ruralité ou dans le cadre d’un tourisme culturel ou de mémoire, il reste de nombreux axes d’amélioration sur lesquels travailler.
Ce sont eux, professionnels, qui interpellent les pouvoirs publics pour que changent certaines pratiques qui les défavorisent, à l’image de la taxe de séjour, obligatoires pour eux mais dont sont dispensés les systèmes de réservation et de location et les plateformes numériques. D’autres mesures, pourtant décidées, se font attendre, comme la généralisation de délivrance des visas en 48 heures, l’augmentation du nombre de fonctionnaires de la Police aux Frontières dans les aéroports, une plus grande automatisation des procédures de vérification des identités des voyageurs, un vaste plan d’entretien des axes de communication entre Paris et les aéroports, ou encore un ambitieux plan d’investissement pour la rénovation des stations balnéaires et de montagne.
Une vision économique
Dans un rapport du The World Travel & Tourism Council (WTTC) publié au premier semestre 2018, le Conseil mondial du voyage et du tourisme estime que l’importance du secteur Tourisme et Voyage va augmenter sensiblement au sein de l’économie française dans les années à venir : « cette place dans l’économie française […] ne va cesser de grandir dans les 10 années à venir, portée notamment par la hausse dans les dépenses des visiteurs et l’engagement dans la création d’emploi sur le long terme ; deux éléments qui témoignent de la collaboration entre les secteurs publics et privés en France qui œuvrent ensemble pour créer un modèle de reprise ».
Car au delà d’une vision politico-sociétale, le tourisme représente un poids incontournable dans l’économie française : 8 % du PIB et 2 millions d’emplois directs et indirects. Dans le même temps, les recettes touristiques représentent une somme globale dépassant les 42 milliards d’euros annuels. Même si la France reste la première destination touristique sur le globe, elle n’est qu’en troisième position, derrière les Etats-Unis et l’Espagne. Les dépenses globales sont de l’ordre de 40 milliards d’euros.
Dans ce contexte, en complément de l’objectif que s’est fixé le Gouvernement d’accueillir 100 millions de visiteurs internationaux, les recettes devraient dans le même temps atteindre les 50 milliards d’euros à l’aube de 2020. Cette augmentation espérée de près de 10 milliards d’euros (+ 20 %) nécessite que les pouvoir publics aient une action sur la demande touristique : cette vitalité économique ne peut être la conséquence que d’un plan généralisé, développé au sein du Groupe d’études : valorisation des activités touristiques (rassurer les visiteurs sur la sécurités des sites, promouvoir la destination France, simplifier l’environnement normatif pesant sur les professionnels). C’est à ce prix que le tourisme en France connaîtra un renouveau attendu.
Tournons nous vers l’avenir
Aujourd’hui, il est certain qu’une importante partie du fantastique potentiel touristique de la France demeure inexploitée. Les marges de progrès sont immenses. Les excellents résultats des années passées ne doivent pourtant pas masquer une situation difficile, qui touche de plein fouet les professionnels du tourisme en France. Malgré un léger rebond de la fréquentation touristique depuis la fin de l’année 2016, qui s’est poursuivi l’année dernière, les problématiques sécuritaires, météorologiques ou administratives restent autant de freins pour de nombreux touristes.
Nos professionnels le répètent : ils font face avec grande difficulté à une concurrence nationale de plus en plus rude, portée par des concurrents sur des secteurs identiques, mais également face à une concurrence internationale économiquement agressive. En raison de difficultés de trésorerie ou de respect des normes françaises, il leur est également délicat d’investir afin de répondre à une demande pourtant évolutive et exigeante. Que leur répondre alors que le tourisme est un secteur générateur d’emploi et qui favorise la croissance économique ?
Nous sommes à l’aube d’une nouvelle ère, impulsée par le Président Emmanuel Macron depuis son élection. Nous avons le devoir de transformer, ensemble, le tourisme en France. Le Premier ministre Edouard Philippe s’est également engagé dans cette thématique : la feuille de route fixée sera respectée. ■