Il est pharmacologue, ce qui n’implique pas qu’il soit médecin ou pharmacien. Les vingt publications scientifiques qu’il a cosignées, identifiant ses recherches n’ont rien à voir avec le cerveau ou les toxicomanies. Ainsi, sa déclaration sur la légalisation du cannabis ne repose que sur des convictions, dénuées d’une réelle expertise.
Nous présentons ici des données sanitaires, pour l’inciter à élargir ses informations sur ce sujet dont il s’empare avec fracas.
La prohibition édictée par la loi de 1970 pressentait les divers méfaits du cannabis. Les 50 ans qui ont suivi les ont largement vérifiés, précisés, et en ont ajouté d’autres, que nous énumérons maintenant.
Une toxicité psychique : - avec une ivresse ; des perturbations des réflexes, de l’équilibre, des perceptions, à l’origine d’accidents routiers et professionnels, majorés par leur rencontre avec l’alcool. Le risque d’être responsable d’un accident mortel est multiplié par 14 à 29 selon les études, en cas de consommation conjointe d’alcool et de cannabis (champagne ou cannabis, il faudra choisir). Un sujet sur quatre tué dans un accident de la circulation routière présente un test positif aux stupéfiants (cannabis le plus souvent).
• avec une désinhibition, qui libère des pulsions auto - ou hétéro - agressives.
• avec des perturbations de la faculté d’apprendre ; c’est la drogue de la « crétinisation » (« la fumette ça rend bête »). La France, premier consommateur en Europe, occupe le pitoyable 27ième rang du classement international PISA des performances éducatives.
• avec des interférences sur la maturation cérébrale, qui s’opère entre 12 et 22 ans ; elles sont à l’origine d’une réduction du Quotient Intellectuel et d’anomalies facilitant les troubles délirants et hallucinatoires. La responsabilité du cannabis dans l’induction, la décompensation, l’aggravation de la schizophrénie ainsi que dans la résistance opposée à ses traitements est maintenant bien établie.
• avec l’incitation à y adjoindre d’autres drogues, pour pallier la tolérance progressive à ses effets euphorisants ; d’où une escalade, aboutissant à des poly toxicomanies devenues communes.
• avec l’induction par le THC (son principal constituant) d’effets épigénétiques. Il s’agit de modifications du niveau d’expression de certains gènes, qui affectent les caractères qu’ils expriment (le phénotype). Les individus en âge de procréer qui exposent leurs gamètes (spermatozoïdes ou ovules) au THC, transmettent à leur enfant ces modifications épigénétiques. Elles pourront être à l’origine d’anomalies du spectre de l’autisme, ou de la schizophrénie, ou d’une vulnérabilité aux drogues à l’adolescence, ou d’anomalies comportementales, ou de perturbations de la cognition, ou des défenses immunitaires. Le fumeur de cannabis non seulement s’inflige les méfaits de cette drogue, mais de plus fait hériter sa progéniture de certains d’entre eux.
• avec l’induction de troubles anxieux et / ou dépressifs, pouvant comporter, en embuscade, des incitations au suicide.
Sa toxicité physique : Elle l’emporte sur celle du tabac (responsable chaque année en France de 75 000 morts).
• La combustion du cannabis produit 6 à 8 fois plus de goudrons cancérigènes, et d’oxyde de carbone (gaz très toxique) que la combustion du tabac.
• Il est cancérigène pour les testicules.
• Sa toxicité cardio-vasculaire se traduit : par des artérites des membres inférieurs ; par des accidents vasculaires cérébraux ; par des infarctus du myocarde, dont il est la troisième cause de déclenchement.
• Il déprime les défenses immunitaires.
• Trois femmes sur 4 fumant du cannabis n’arrêtent pas leur consommation quand elles deviennent enceintes (avec le seul tabac ce n’est qu’une sur 4). Il induit des effets tératogènes ; il abrège la gestation, avec la naissance d’un nourrisson plus chétif que le ferait une simple prématurité ; plus à risque de mort subite ; présentant un ralentissement de son développement psychomoteur ; une plus fréquente hyperactivité avec déficit de l’attention et, à l’adolescence, une grande augmentation de sa vulnérabilité aux toxicomanies.
Sa toxicité sociale.
La France est en Europe son tout premier consommateur (1.500.000 « usagers réguliers » dont 900.000 usagers quotidiens et multi-quotidiens). Cette consommation débute désormais au Collège ; faisant appel à des résines dont le taux de THC a été multiplié par 6 en 30 ans, et plus récemment à de nouveaux produits encore plus fortement dosés (telle la BHO = butane hash oil, contenant 70 à 80 % de THC), mais aussi à de nouveaux modes de consommation (pipes à eau, e-cigarettes avec des recharges « d’huile de cannabis » …) qui augmentent la cession du THC à l’organisme.
D’aucuns font miroiter de la légalisation d’importants revenus pour le budget de l’Etat. Une étude vient de calculer que pour 1 $ collecté par l’Etat du Colorado, il doit assumer 4,5 $ de charges liées aux conséquences néfastes de sa consommation.
D’autres (ou les mêmes) prétendent que la légalisation fera disparaître la pègre bénéficiant de cette drogue. Le cannabis « de régie » devrait être cher, pour être dissuasif, et faiblement dosé en THC, pour être moins toxique ; alors les dealers vendront moins cher un cannabis plus « puissant » et/ou vendront d’autres drogues, que dans la même logique il faudra légaliser. Au Canada, 2 ans après sa légalisation, le marché noir reste dominant (60 à 80 % du marché), vendant une drogue moins chère et plus fortement dosée en THC.
Un message déplorable en direction de la jeunesse.
Le message démissionnaire de Mr Robinet, est incompréhensible venant d’un universitaire et d’un édile.
Comment interrompra-t-il son « expérience », si elle s’avère catastrophique ? Le « char de l’Etat » n’ayant pas de marche-arrière.
Parmi ceux qui ne fument pas de cannabis, 60 % déclarent que c’est en raison de sa toxicité et les autres que c’est en raison de son interdiction. Que deviendrait leur bonne résolution si cette drogue était légalisée ? Le nombre des consommateurs pourrait s’envoler, vers les 13 millions de tabagiques ou les 4 à 5 millions d’alcoolo-dépendants.
Comment croire que le cannabis est dangereux, si l’Etat, par nature protecteur, décidait qu’il n’est plus interdit d’en fumer ? Voilà comment une prévention, déjà foncièrement déficitaire, serait complètement ruinée.
Le tabac est la première cause de mortalité évitable, comment le combattre, si dans le même temps on autorise le cannabis ? ■
L’auteur de cet article tient à la disposition de l’édile ayant exprimé, urbi et orbi, la proposition d’expérimenter dans sa ville la légalisation du cannabis, les références bibliographiques justifiant chaque élément de son argumentaire.
Il le conjure, pour sa réputation, pour les responsabilités qui lui sont confiées, pour sa postérité, pour sa ville, pour la Nation et pour la jeune génération, de ne pas persévérer dans son erreur.