KURDES
Avec l’irruption inattendue des combattants de Daech (ou État islamique) dans le Nord de l’Irak, la chute de Mossoul et le long siege de Kobané, en Syrie, la question kurde est revenue sous les feux de l’actualité internationale depuis l’été 2014. Les Kurdes, sunnites a 80 %, sont alors apparus comme une des rares forces régionales déterminée a combattre le djihadisme. Mais, divisés entre mouvements concurrents (PDK, UPK, PKK, etc.) et entre l’Irak, la Syrie, la Turquie et l’Iran, leurs voix contradictoires restent difficiles a déchiffrer. Dans cet ouvrage synthétique et éclairant, les auteurs, qui ont régulierement séjourné au Kurdistan d’Irak depuis une quinzaine d’années et connaissent l’ensemble des États de l’espace kurde, interrogent les sources de ce nationalisme tres particulier, qui a vu les Kurdes lutter pour la reconnaissance de leur identité, voire de leur indépendance. Ils permettent ainsi de saisir les tenants et les aboutissants d’une question kurde désormais posée au coeur du brasier moyen-oriental.
La Question kurde a l'heure de Daech - Gérard Chaliand - Sophie Mousset – Editions du Seuil - 160 pages
A MÉDITER
L’essayiste et journaliste, Jean-Louis Servan-Schreiber, comme nous peut-etre, écrit-il, se pose « souvent quelques questions sur l’existence » : Qu’est ce qui compte le plus dans la vie ? Quels droits et devoirs ai-je a l’égard des autres ? Qu’est ce qui est vrai ? Juste ? Important ? Etc. Beaucoup de questions et autant de réponses données par JLSS sous forme de réflexions et citations simples, accessibles et réalistes et sans bien sur se prendre au sérieux nous rassure- t-il. « Chercher le sens de sa vie est vain. Etre vivant suffit a donner sens et valeur a chaque journée ».
C’est la vie ! Essais - Jean-Louis Servan-Schreiber – Albin-Michel – 186 pages
SANG BLEU
Le livre de Bertrand Goujon s’intéresse aux nobles, de tous âges, qui se sont engagés sous les drapeaux pour défendre la patrie en danger en 1914. Ils sont nombreux a avoir servi dans la cavalerie, l’infanterie ou l’aviation. Ils sont aussi nombreux a avoir versé leur sang et a etre morts au Champ d’honneur. Pres d’un quart des 5870 aristocrates mobilisés perdront la vie pendant le conflit. « Une hécatombe frappant une catégorie sociale déja fragilisée » souligne l’auteur qui note encore que beaucoup de ces nobles feront « la douloureuse expérience du décalage entre les représentations idéalisées de la guerre et la réalité brutale des champs de bataille ». Pour cette étide inédite qui en fait un livre passionnant, Bertrand Goujon s’est appuyé sur les témoignages, récits et souvenirs de ces aristocrates perdus dans un conflit d’un autre âge.
Du sang bleu dans les tranchées – Bernard Goujon – Editions Vendémiaire – 670 pages
LE GRAND SIECLE
C'est Voltaire qui, en 1751, proposa publiquement l'expression de « Siecle de Louis XIV », qui depuis lors s'est imposée pour qualifier la période qui s’étend de 1643 a 1715. Dans cet ouvrage collectif placé sous la direction de Jean-Christian Petitfils, dont le « Louis XIV », paru en 1995 et lauréat du Grand Prix de la biographie (Histoire) de l'Académie française, fait autorité, dresse le bilan d’une période qui fut sans doute la plus éclatante de l’Histoire de France, sans rien occulter. A côté des grandeurs du regne, l’ouvrage n’en oublie pas pour autant les miseres du temps. Ce livre évoque tout aussi bien de la personne royale que du mode de gouvernement, de l'économie du royaume et de la religion que de la guerre, de l'entourage du roi que de la politique extérieure et des mouvements populaires, sans oublier les arts et les lettres. Un livre indispensable alors que l’on célebre le tricentenaire de la mort de Louis XIV.
Le siecle de Louis XIV – Collectif – Sous la direction de Jean-Christian Petitfils – Perrin - 347 pages
L'HOMME, AU-DELA DE LUI-MEME
Dans son dernier livre, le philosophe Rémi Brague dévoile l'homme moderne et son "projet". Il en avait déja dit beaucoup dans sa trilogie close par Modérément moderne, mais il va ici bien plus en profondeur en retraçant deux mille ans d'histoire de la modernité. Ce qui l'intéresse, ça n'est pas le contenu de cette modernité mais plutôt la façon dont elle est saisie par l'homme. Selon Brague, le projet moderne est vraiment moderne en ce qu'il est projet et non plus tâche : c'est l'homme qui part au petit bonheur la chance tenter, essayer, expérimenter toujours et encore plus loin pour se détacher de la nature. Brague conclut alors a l'échec de ce projet qui selon lui conduit a la destruction de l'homme par l'homme : a force de vouloir s'élever au-dessus du naturel, on finit par nier sa propre nature et a se convaincre que la vie n'est pas bonne en soi. Si l'on n'est pas forcément d'accord avec l'auteur, on lui est néanmoins reconnaissant pour cette oeuvre magistrale qui donne a voir le monde comme on ne l'avait jamais vu.
Le regne de l'homme, genese et échec du projet moderne – Rémi Brague - Gallimard, coll. “L'esprit de la cité”, 2015, 416 pages
LES PLUMES DÉGAINÉES
Dans ce deuxieme volume de leur correspondance, les deux épistoliers se livrent a ces memes échanges, mordants et plein d’esprit, découvert deux ans plus tôt. Quotidien, littérature, politique, voyage, tout passe a la moulinette des deux hommes. Ne cherchez pas lyrisme et sentiments, ils préferent les aphorismes et les bons mots, quitte a les envoyer aux dépens de leurs semblables. C’est aussi pour cela qu’on les lit : derriere une époque qui s’efface, on voudrait percer le secret de leur style.
Paul Morand & Jacques Chardonne – Correspondance 1961-1963 (Tome II) – Gallimard, coll. “Blanche” 1183 pages
VOYAGE(S)
La collection « Bouquins » a réuni cinq chefs-d’oeuvre de Jean Raspail, et un roman inédit et inachevé. Ce volume se divise en trois parties. Les deux premieres illustrent les grands cycles romanesques de Jean Raspail : « La Patagonie » – avec Le Jeu du roi, Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie (Grand Prix du roman de l'Académie française) et Qui se souvient des hommes...– et « Les confins » – avec Septentrion et Sept cavaliers quitterent la Ville au crépuscule par la porte de l'Ouest qui n'était plus gardée. La derniere est constituée d'un seul ouvrage, inédit et inachevé, La Miséricorde. « Lecteurs ! Vous allez embarquer sur un navire étrange, un bâtiment littéraire. Il a largué les amarres, il y a cinquante ans, a moins que ce ne fussent cinquante siecles (mais les faire-part de naissance importentils en littérature ? ) C’est un vaisseau de légende. L’équipage ? Des hommes inaptes a la vie moderne. Son port d’attache ? la mélancolie ou la lucidité, ce qui revient au meme. Sa destination ? Tout horizon perdu ». Difficile d’en dire plus et surtout mieux que ne le fait Sylvain Tesson dans la préface. Alors restons-en la. A (re)lire sans tarder.
La-bas, au loin, si loin… Jean Raspail – Préface de Sylvain Tesson - Robert Laffont - Collections « Bouquins » 1184 pages
WATERLOO, PLAINE PAS SI MORNE
“Vivant il a manqué le monde mort il le possede” (Chateaubriand). Dans son dernier ouvrage, l’historien et essayiste Dimitri Casali revient sur la bataille de Waterloo dont on célebre cette année le bicentenaire. Pour ce spécialiste du Premier empire cette défaite glorieuse apparaît d’abord comme une victoire posthume pour Napoléon – sur les 200 000 visiteurs annuels a Waterloo, une grande majorité est persuadée que l’Empereur a remporté la bataille -. C’est ensuite, un épisode fondateur de l’histoire européenne. Napoléon en diffusant les idées nouvelles de la révolution a travers le continent peut etre considéré comme l’un des grands précurseurs de la construction européenne. Apres le récit de la bataille, Dimitri Casali raconte comment Napoléon est devenu le Français le plus populaire au monde – il est l’un des personnages le plus représenté dans l’art apres le Christ, de David a Andy Warhol, de Antonio Canova a Salvator Dali, de Berlioz a Abba… « Napoléon est plus vivant que jamais, en 2015 nous ne célébrerons pas notre défaite de 1815 mais sa victoire dans les esprits du monde entier » en conclut l’auteur de ce beau condensé de la légende napoléonienne.
Qui a gagné Waterloo ? Napoléon 2015 – Dimitri Casali - Flammarion – 300 pages