Dans ce contexte, la définition d’une stratégique économique à l’échelle de la Métropole du Grand Paris, dont la délégation m’a été confiée par le président Patrick Ollier dès 2016, est un défi immense, passionnant et inépuisable. A titre personnel, j’y ai vu la suite logique de mes fonctions antérieures de président du conseil de surveillance de la Société du Grand Paris : pendant près de cinq ans, nous avons travaillé au lancement du Grand Paris Express, une impulsion présidentielle visionnaire, en partant des attentes des territoires, au cœur desquelles se trouve bien évidemment le développement économique.
C’est avec cette même méthode que nous élaborons une stratégie économique métropolitaine pertinente, c’est-à-dire ancrée dans les territoires et répondant aux élus locaux qui les servent avec dévouement : n’oublions pas que la MGP est avant tout la « Métropole des Maires » comme le rappelle régulièrement le président Patrick Ollier ! Il s’agit donc tout d’abord d’identifier les enjeux auxquels doit répondre spécifiquement l’espace métropolitain, puis d’en déduire ses grands axes d’intervention.
Les enjeux spécifiques auxquels doit répondre la métropole résident dans une attractivité et un dynamisme installés, qu’il convient d’inscrire dans la transition écologique.
La puissance économique de la métropole n’est plus à démontrer, ses communes rassemblant 30 des 40 sièges sociaux d’entreprises du CAC 40 – dont quelques-unes à Issy-les-Moulineaux ! Une telle concentration de forces économiques n’a toutefois de sens que si elle s’inscrit dans une dimension durable, respectueuse de l’environnement, et garante de la qualité de vie des habitants. Les risques de nuisance inhérents au développement de l’activité économique, à l’instar du renouvellement urbain, doivent donc être pris en compte. La préservation des ressources naturelles de nos territoires doit également être placée en regard des grands projets économiques.
Loin de s’y opposer, ces impératifs croissants de nos politiques publiques peuvent s’y insérer efficacement L’exemple emblématique de la ville d’Issy m’inspire d’ailleurs grandement dans mes fonctions métropolitaines : depuis 2005, notre urbanisme, par les efforts de rénovation énergétique des bâtiments, combinés au déploiement de 3 écoquartiers, a permis une diminution de 26 % de nos émissions de gaz à effet de serre sur le secteur résidentiel (INDDIGO, 2020).
Le deuxième enjeu tient à l’attractivité de notre territoire dans son ensemble, mais qui n’en demeure pas moins diverse. Cette diversité doit être prise en compte, et ainsi justifier des politiques de rééquilibrage territorial, de répartition spatiale des activités économiques, et de renforcement de l’économie de proximité. Il en va de la cohésion du territoire métropolitain, et donc de la soutenabilité de son développement à moyen et long terme. La complémentarité des caractéristiques respectives de nos villes doit être une force à valoriser, et ainsi amener à des politiques métropolitaines différenciées qui leur soient le plus adaptées possible.
Ainsi nous importe-t-il tout à la fois de concilier l’impératif de développement de la Métropole du Grand Paris, qui doit rester notre boussole, avec la nécessité d’une croissance soutenable et équilibrée sur le plan territorial. Loin d’être une contradiction insurmontable, il s’agit d’un défi collectif que les acteurs politiques et économiques de la Métropole relèvent ensemble.
La stratégie économique de la Métropole du Grand Paris se décline en trois principaux axes d’intervention, inspirés des besoins spécifiques du territoire.
En premier lieu, nous nous attachons à insérer la transition écologique comme donnée incontournable du développement économique. L’objectif est d’accompagner et même de catalyser les évolutions nécessaires de certains secteurs économiques pour que leurs activités soient moins consommatrices de ressources naturelles, moins polluantes, plus neutres en carbone. La réduction de nos émissions de gaz à effet de serre est de nature à faire de la Métropole du Grand Paris un territoire vert identifié au niveau européen, et ainsi renforcer son attractivité. Elle ne saurait toutefois se réduire à des ambitions affichées ou à un simple verdissement de nos annonces, mais se traduire par des actes et des résultats concrets.
La logistique urbaine apparaît comme un levier essentiel de réduction de notre impact sur l’environnement. La densité et la complexité des flux, liées aux activités commerciales notamment, en zone dense, sont spécifiques et génératrices de nuisances, y-compris environnementales. C’est donc bien à l’échelle du territoire métropolitain qu’il nous faut penser l’écosystème de la logistique urbaine. A ce titre, la Métropole mobilise et fédère les acteurs afin de les encourager à enclencher leur mutation vers une logistique plus verte, de nature à préserver la vitalité économique des secteurs concernés, et à améliorer la qualité de service aux habitants et aux entreprises.
C’est tout le sens du Pacte initié par la MGP en faveur d’une « logistique urbaine, agile, performante et durable ». Fondée sur l’association des partenaires économiques concernés, cette démarche travaille sur des réalisations concrètes : zones à faibles émissions (ZFE), déploiements de plateformes logistiques du dernier km, logistique fluviale, foncier logistique en milieu dense, ou encore data au service de la logistique. C’est forte de ce contexte tourné vers l’avenir que la mairie d’Issy, via la société publique locale Seine Ouest Aménagement, a lancé en mars 2021 un appel à projet afin d’installer sur son territoire une station à hydrogène, une plateforme logistique du dernier km et des jardins partagés.
En deuxième lieu, le soutien à l’innovation et au numérique apparaît comme un puissant facteur de transformation de la société et de l’économie. A travers son programme « Innover dans la ville », la Métropole suscite et accompagne des projets numériques et d’innovation urbaine sur le territoire en faisant le lien entre le besoin local et une offre d’innovation qu’il faut identifier et attirer à l’échelle internationale. Par son intégration dans l’écosystème des acteurs de l’innovation au niveau territorial, national et international, elle suscite des opportunités de projets innovants et favorise leur mise en œuvre sur le territoire.
Le déploiement des bornes Métropolis, alliant innovations écologique et numérique, répond à une telle ambition. Ces outils se trouvent au carrefour des enjeux de mobilités durables, d’aménagement de l’espace métropolitain et de valorisation du cadre de vie des habitants, bref, au cœur des compétences qui ont été confiées à la MGP. A titre d’exemple, d’ici à l’été 2021, toutes les stations anciennement dites « Autolib’ » de la ville d’Issy-les-Moulineaux seront opérationnelles, avec 20 stations au total, dont la moitié sera opérée par Métropolis. 97 emplacements dédiés aux véhicules électriques seront in fine créés sur la voie publique isséenne.
Enfin, notre troisième axe d’intervention consiste à assurer l’équilibre du développement territorial que nous accompagnons. La Métropole, qui dispose de compétences en matière d’aménagement, a fait du soutien à l’économie de proximité (commerces, artisanat, tiers lieux, lieux culturels, etc.) une priorité dans la logique d’un territoire polycentrique. Elle mobilise également le levier économique pour la revitalisation de certaines parties de territoire (implantation d’activité, mutation de fonctions, développement de circuits courts…), et en particulier la réimplantation d’activités (production, logistique, etc.). C’est tout le sens des appels à projets urbains innovant tels qu’« Inventons la Métropole du Grand Paris », dont la 3ème édition s’inscrira précisément dans la perspective de la relance du territoire.
Au croisement de ces axes d’intervention, d’accompagnement, et même parfois d’impulsion, se trouve un concept en voie d’affirmation croissante dans notre métropole : la « ville du quart d’heure ». Alors que la valeur cardinale de la proximité est sollicitée dans ses acceptions tant politique, économique, écologique que physique, les maires ont en effet la responsabilité de façonner des villes où il fait bon vivre, où les déplacements du quotidien ne seraient plus pendulaires mais le fruit de circuits courts entre domicilie, travail, services de proximité, sources d’alimentation… Il s’agit d’une ambition structurante, qu’il nous faudra plus d’un quart d’heure pour mettre en œuvre, mais qu’il nous revient, à nous maires de la Métropole du Grand Paris, de relever avec audace ! ■