Pour répondre à l’enjeu de la transition écologique, et face à la crise énergétique que nous traversons, la France s’est fixé un objectif ambitieux : devenir le premier grand pays industriel à sortir de sa dépendance aux énergies fossiles. Pour y parvenir, la stratégie du Gouvernement consiste à diminuer la consommation d’énergie grâce à des mesures de sobriété et d’efficacité énergétiques, à décarboner totalement notre mix énergétique grâce aux énergies renouvelables et au nucléaire et à répondre aux nouveaux usages comme la mobilité électrique.
Aujourd’hui, 60 % de l’énergie que nous consommons est produite à partir de combustibles fossiles importés, responsables de 90 % de nos émissions de CO2. Seule 19 % de notre consommation d’énergie provient des énergies renouvelables, pour l’essentiel l’éolien, le photovoltaïque, le bois, l’hydroélectricité et les biocarburants. L’enjeu est donc de ramener progressivement à zéro notre consommation d’énergies fossiles en réduisant, nos consommations d’énergie d’une part, et en développant de l’autre les énergies décarbonées, dont le nucléaire et les énergies renouvelables. Ces dernières devront représenter 33 % de notre mix énergétique en 2030.
Poursuivre et accélérer la dynamique existante
Cette dynamique de transition est déjà enclenchée. Nous ne partons pas de zéro. Notre pays a rattrapé des années de retard dans la production d’énergie à partir de l’éolien et du solaire. En matière de solaire, plus de 20 % de nouvelles capacités de production ont notamment été créées sur le dernier quinquennat. Avec un doublement du fonds chaleur, la promotion des pompes à chaleur et l’interdiction progressive du chauffage au gaz pour les nouvelles habitations, ainsi que l’accélération rapide de la méthanisation (biogaz issu de déchets alimentaires et agricoles), nous recourons massivement aux énergies renouvelables pour assurer les ressources nécessaires aux Français.
Un soutien renouvelé a également été apporté au programme nucléaire Français. Cette filière d’excellence, productrice d’électricité décarbonée, bénéficie de 500 millions d’euros dans le cadre du plan de Relance pour renforcer les compétences de ses 220 000 salariés et sa compétitivité. 1 milliard d’euros issus du plan d’investissement France 2030 vont également soutenir son innovation.
Par ailleurs, la France est le premier pays du monde à avoir interdit l’exploration et les nouvelles exploitations d’hydrocarbures, dont le gaz de schiste. Nous ne finançons ni ne soutenons plus les projets d’énergies fossiles à l’étranger s’ils ne sont pas compatibles avec l’accord de Paris.
A ces acquis s’ajoute un changement comportemental majeur qui est en train de s’opérer actuellement au niveau de la société : un usage plus sobre de l’énergie. Avec la prise de conscience de la rareté de la ressource, la sobriété devient un levier d’action, elle est désormais bien comprise par tous et nous donne d’ores et déjà de premiers résultats.
La décarbonation de notre mix énergétique est lancée. Il faut poursuivre dans cette voie pour amplifier et généraliser les solutions existantes qui portent leurs fruits, tout en développant de nouveaux leviers.
Concerter et mettre d’accord : la condition pour aller plus loin
Réduire l’usage des fossiles, développer celui des renouvelables et du nucléaire, poursuivre l’action de décarbonation engagée : sur le papier, l’équation paraît simple. Dans les faits, et sur le terrain, elle n’est pas si facile à résoudre. De nombreuses questions restent encore à traiter : comment concilier des objectifs parfois contradictoires, entre nécessité pressante de développer les énergies renouvelables, concertation locale et protection de la biodiversité ? Comment avancer au bon rythme, de façon cohérente, vers notre objectif commun, pour que toutes les actions soient déployées à la bonne échelle et en même temps ? Plus prosaïquement, comment relocaliser les emplois dans la filière des énergies renouvelables, notamment ceux liés à la fabrication de panneaux photovoltaïques sachant que 95 % d’entre eux sont aujourd’hui fabriqués en Chine ? Comment le faire à un coût acceptable, sachant que le surcoût serait de l’ordre de 30 % pour une fabrication locale ?
Alors comment résoudre ces questions ? Comment réconcilier des acteurs aux intérêts divergents autour d’objectifs communs et d’actions collectives ? Comment créer du consensus ? C’est dans cet objectif qu’une grande concertation nationale sur l’avenir de notre mix énergétique a été lancée le 20 octobre dernier par Agnès Pannier-Runacher et Olivier Véran.
La planification écologique, créatrice d’opportunités nouvelles pour tous
Résoudre ces questions relève aussi du ressort de la planification écologique. A travers cette démarche, l’Etat se donne les moyens de construire une vision transversale sur tous les sujets de la transition, articulée autour des six grands thèmes de la Convention Citoyenne pour le Climat (se déplacer, se nourrir, se loger, produire, consommer et préserver nos écosystèmes), de tracer des trajectoires solides sur ces différents sujets en objectivant les financements publics et privés nécessaires pour y parvenir, et enfin de mesurer très concrètement l’impact. Par ailleurs, en réunissant tous les acteurs, privés comme publics, collectifs comme individuels, autour d’une feuille de route commune, la planification écologique nous donne l’opportunité de renforcer l’acceptabilité des solutions que nous voulons développer par les différentes parties prenantes. Dans le volet territorial, elle doit par exemple nous permettre d’identifier les zones les plus propices au développement des énergies renouvelables sur notre territoire, en travaillant étroitement avec les collectivités locales, qui ont la compétence d’aménagement du territoire. La planification écologique c’est aussi être lucide sur les conséquences de nos choix pour les prendre en connaissance de cause, à titre d’exemple l’impact sur nos ressources en biomasse sur le développement des bio-énergies.
Par sa méthode, la planification écologique nous permet aussi de mieux concilier le temps court et le temps long. Car en matière de développement des énergies renouvelables, encore, il est souhaitable d’agir quand l’occasion se présente, pour développer rapidement de nouvelles unités de méthanisation dans les territoires ruraux par exemple. Pour autant, nous savons que le développement de la filière doit s’inscrire sur le long terme et nécessite des investissements lourds notamment pour structurer le réseau. Cette façon de gérer des solutions à court terme tout en travaillant sur des sujets de long terme est un des atouts qui fait la richesse de la planification écologique.
Enfin, parce qu’elle est un mouvement collectif qui embarque toutes les composantes de la société, la planification écologique nous donne l’opportunité de réaliser une transition juste et efficace, dans laquelle chacun fait sa part selon ses moyens et son niveau de responsabilité. Une transition gage de progrès, qui nous ouvre de nouvelles perspectives en termes de qualité de vie, de croissance et de prospérité partagée. Une transition créatrice d’opportunités. Celle pour les collectivités de produire de l’énergie localement. Celle pour les entreprises de relocaliser certaines activités, de créer de l’emploi et de se développer.
Cette mobilisation est aujourd’hui nécessaire pour accélérer la production d’énergies décarbonées. Mais c’est cette mobilisation que nous allons amorcer également pour avancer collectivement sur les 22 chantiers qui constituent la transition écologique. C’est la mobilisation de tous – Etat, élus, citoyens, entreprises…qui nous permettra demain de mieux préserver nos ressources et la biodiversité, mieux protéger notre santé, atténuer le changement climatique et nous adapter à la nouvelle donne environnementale. ■